Et de deux AAA de perdus. L'agence de notation Moody's qui, avec Standards and Poor's (S&P) et Fitch, sont les plus écoutées des marchés, a abaissé lundi soir d'un cran la note de la dette de long terme de la France, qui perd ainsi une nouvelle fois son précieux AAA, meilleure distinction possible. Cette décision intervient près d'un an après la dégradation par S&P. Moody's a attribué à la France la note AA1, assortie d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait à nouveau l'abaisser à moyen terme, selon un communiqué publié dans la soirée.
Pourquoi une dégradation ? Le motif de ce rabaissement : "des "perspectives économiques de long terme affectées de manière négative par de multiples défis structurels", dont "une perte de compétitivité graduelle mais continue" et "des rigidités des marchés du travail, des biens et des services".
L'agence cite aussi des "perspectives budgétaires incertaines en raison de la dégradation des perspectives économiques". Enfin, selon Moody's, la capacité de la France à résister à d'éventuels nouveaux chocs futurs de la zone euro "diminue", et ce d'autant que son exposition aux pays fragiles de l'Union monétaire, via les liens commerciaux ou bancaires, "est beaucoup trop importante".
Quelles conséquences? Cette note reflète la capacité de la France à rembourser sa dette. Moins elle est élevée, moins les marchés doivent lui faire confiance, selon les agences. Cela peut ensuite se traduire par un envol des taux d'intérêts auxquels la France emprunte de l'argent sur les marchés, et donc par une baisse des liquidités de l’État et un accroissement encore plus fort de la dette. Toutefois, les prévisions des agences ne sont pas toujours écoutées. Ainsi, la confiance des marchés envers la France ne s'est pas particulièrement dégradée après la dégradation de S&P.
Pour Moscovici, la faute à "la gestion du passé"
Un camouflet pour Hollande ? Non, selon Bercy, qui s'est empressé de réfuter en bloc. "C'est une sanction de la gestion du passé qui nous incite à mettre en œuvre rapidement nos réformes",a réagi le ministre de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, immédiatement après l'annonce. "Moody's met à notre actif les réformes que nous avons engagées: le pacte de compétitivité, notre agenda de réforme, le redressement des comptes publics", assure Pierre Moscovici.
Pas abattu, le ministre cite, pour la suite, "trois choses fondamentales", à savoir "obtenir la stabilité de la zone euro", mettre en oeuvre le "pacte de compétitivité" présenté début novembre par le gouvernement et réussir "la négociation sur le marché du travail". "Cela renforce la nécessité absolue de les mettre en oeuvre", a-t-il plaidé.
Moody's épingle tout de même le gouvernement. Les réformes annoncées par le gouvernement français sont bienvenues mais ne devraient pas suffire à rétablir la compétitivité du pays, estime l'agence financière. Moody's relève "un fort engagement en faveur des réformes structurelles et de la consolidation budgétaire", mais estime que les mesures en faveur des entreprises annoncées début novembre "ne devraient pas, seules, avoir l'ampleur suffisante pour rétablir la compétitivité".