Les agences de notation ont-elles pris le pouvoir? La question se pose alors que s'ouvre à Bruxelles un sommet européen sous très haute tension. En cause, la récente menace de l'agence Standard & Poor's de dégrader la note de 15 pays de la zone euro.
"On pourrait entrer dans une phase encore plus dramatique"
Dans le milieu des économistes et dans les salles de marché, les commentaires sont de plus en plus sévères à l'égard des agences de notations. "Si le sommet européen débouche sur des propositions jugées insuffisamment crédibles par Standard & Poor's, on pourrait entrer dans une phase encore plus tragique que ce qu'on pouvait imaginer jusque-là", indique Norbet Gaillard, auteur d'un livre sur ces agences, au micro d’Europe 1. "Dans ce cas-là, Standard and Poor's aurait quand même une part de responsabilités", relève-t-il
D'autres se font plus conciliants. "C'est un baromètre", précise Alexandre Baradez, analyste marché chez Saxo Bank. "Ce n'est pas parce que le baromètre indique qu'il y une tension sur une zone qu'il fait casser le baromètre. Après, on peut s'interroger sur la pertinence du calendrier de l'annonce. Ce qui a été annoncé lundi, on aurait pu attendre la semaine prochaine ou dans deux semaines pour l'annoncer. Il n'y avait aucune urgence", estime Alexandre Baradez.
"On peut s’interroger sur la pertinence du calendrier" :
L’importance qu’on leur donne est en cause
Toutefois, ce n'est pas forcément le rôle des agences de notation qui est trop grand mais l'importance qu'on leur donne. Tel est en tout cas l'avis de Philippe Laurent, actuel maire de Sceaux, qui a longtemps travaillé comme conseiller financier, chez Moody's notamment. "Les agences de notation ont pris les initiatives elle-même de noter les Etats alors même que les Etats ne le demandaient pas. Là, elles sont allées un peu loin", tranche-t-il.
"Elles sont allées un peu loin" :
Pour ce spécialiste, "l'intérêt des gens qui dirigent ces agences est de faire le maximum d'analyses et de les vendre le plus cher possible. Ce n'est pas de faire tomber le système, ni financier, ni politique". Il conclut : "J'ai l'impression qu'elles sont un peu dépassées par le système".