Le gouvernement met ses ministères à la diète. La cure est sévère : 13.123 postes disparaissent, 11.000 nouveaux sont créés.
CEUX QUI S’EN SORTENT BIEN
• L’Emploi
Michel Sapin peut avoir le sourire. Son ministère est celui qui voit son budget le plus progresser. Au cœur de la politique de lutte contre le chômage (avec les contrats aidés), l’enveloppe du ministère gagne 800 millions d’euros soit 8,2%. Objectif : 150.000 contrats d’emplois d’avenir signés à la fin de l’année. A cela s’ajoute 100.000 contrats de génération. Le coût de cette politique est estimé à 1,7 milliards d’euros. Enfin, le ministère doit financer 380.000 contrats aidés dits classiques.
Côté économies, l’assurance chômage doit diminuer ses dépenses de 300 millions d'euros pour ramener son déficit à 5,6 milliards d'euros en 2014.
• L’Education
Le ministère de Vincent Peillon est au cœur des préoccupations gouvernementales. Avec un budget de 64,9 milliards d'euros, l’enseignement est épargné par les coupes. De nouveaux postes vont être créés : 8.804 qui s’ajoutent aux 8.781 créés l’an passé. Le budget prévoit également la création de 30.000 contrats aidés pour renforcer l’accompagnement des élèves, particulièrement ceux en situation de handicap.
Toutefois, un effort sera quand même demandé au ministère : les dépenses de fonctionnement seront réduites de 3%. D’autre part, les organismes dépendant du ministère, comme le Cned, voient leur budget amputé de 4%.
A l’Enseignement supérieur, Geneviève Fiorasso peut également compter sur les deniers de l’Etat. Le budget augmente de 0,5% pour 2014. Les universités et les autres établissements supérieurs voient leur enveloppe augmenter de 0,4% à 12,8 milliards d’euros. Un millier de postes supplémentaires est créé et 2.200 précaires seront titularisés. L’accès à l’enseignement supérieur reste une priorité gouvernementale : 2,5 milliards d’euros sont dédiés aux bourses et autres aides, soit une augmentation de 6%. Un milliard d’euros est également débloqué au titre des investissements d’avenir.
• Le Logement
Cécile Duflot voit les crédits affectés à son ministère augmenter légèrement : 7,8 milliards d'euros contre 7,7 milliards (+1,3%). La politique d’hébergement et de logement adaptés gagne 110 millions d’euros. En ce qui concerne les aides à la pierre sur (aides accordées par l'Etat afin de favoriser l’investissement immobilier sous forme de prêts aidés ou de primes) les logements sociaux, rien ne change.
Les effectifs du ministère paient cependant la rigueur budgétaire : moins 697 postes en 2014. Les aides personnalisées au logement (APL) sont également réduites de 170 millions d’euros.
• L’Intérieur
Manuel Valls voit le budget de la Place Beauvau progresser légèrement avec une rallonge de 100 millions d’euros (12,2 milliards d’euros, +0,8%). Objectif : rassurer les Français sur leur sécurité. 405 emplois vont être créés dans la gendarmerie et la police nationale.
La question de l’immigration reste au cœur du projet ministériel. Son budget reste inchangé (700 millions d’euros). 2.000 nouvelles places sont prévues en centre d’accueil pour demandeurs d’asile et l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) devrait voir ses moyens augmenter légèrement.
La progression du budget est insuffisante pour financer ces projets et les différentes missions du ministère. Le gouvernement table donc sur une mutualisation des équipements entre police et gendarmerie. La piste d’économiser sur le parc automobile et les investissements immobiliers est également avancée selon Le Monde. D’autre part, les crédits alloués dispositifs d'hébergement d'urgence vont diminuer.
CEUX POUR QUI RIEN NE CHANGE MAIS…
• La Justice
Christiane Taubira va pouvoir continuer sa mission sans que son enveloppe ne change (6,3 milliards d’euros). Le budget prévoit la création de 555 emplois : 300 conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation, 25 magistrats (afin d’assurer le fonctionnement du parquet financier en création) et 78 postes pour la protection judiciaire de la jeunesse.
Côté économies, le gouvernement table sur une diminution des frais de justice, malgré l’affluence dans les tribunaux. L’aide juridictionnelle est réduite de 10% (moins 32 millions d’euros). Grâce à la négociation, le gouvernement espère gagner 8 millions d’euros sur les marchés d’analyse scientifique et 20 millions sur la plateforme d’interceptions judiciaires.
La taxe de procédure sera "à la charge de l’Etat" (35 euros par procédure), soit 60 millions d’euros à trouver. Enfin, l’objectif de trouver 6.500 places supplémentaires dans les prisons (pour atteindre 63.500) reste le même, mais le programme pénitentiaire va être réduit de 12 millions d’euros. Faire plus, sans toucher plus, une équation difficile à résoudre.
CEUX QUI Y PERDENT
• La Défense
Le ministère de Jean-Yves Le Drian est le plus durement touché par les efforts budgétaires. Au total, 60% des baisses d'effectifs prévues dans le budget 2014 sont supportées par la Défense (moins 7.881 emplois), révèle Le Monde. En tout, le budget de fonctionnement de la Défense chute d'environ 500 millions d'euros. François Hollande a toutefois prévu de "maintenir" l'effort de défense du pays. Pour cela, il a prévu d'augmenter fortement la partie réservée aux investissement pour le ministère. L'Etat souhaite notamment sauvegarder le tissu industriel qui lui est lié.
• La Culture
Aurélie Filippetti ne s’en sort pas trop mal mais son budget recule de 2% à 2,6 milliards d'euros. L’éducation artistique et culturelle est le grand gagnant de l’année 2014 avec une enveloppe de 38,2 millions (+15%). Suivent les établissements d'enseignement supérieur (+5%) et le financement du spectacle vivant et des arts plastiques (aucun changement). La restauration conserve également son budget.
Les économies viennent de la baisse des investissements, comme ceux engagés dans la construction de musées. Les opérateurs ne sont pas épargnés : le Centre national du cinéma perd 90 millions d’euros et les grands musées sont appelés à participer à l’effort.
Du côté de l’audiovisuel public, les crédits diminuent de 137 millions d’euros (-34%). La hausse de la contribution à l'audiovisuel public (redevance télé) devrait compenser cette diminution à hauteur de 103 millions d'euros.
• L’Economie
Pierre Moscovici va devoir travailler avec un nombre restreint de collaborateurs. Bercy perd 2.500 postes pour l’année 2014. L’agence nationale des services à la personne va disparaître, ses missions vont être transférées au ministère de l’Economie afin d’économiser 2,8 millions d’euros. Les chambres de commerce et d’industrie vont aussi devoir consentir un effort de 300 millions d’euros.
• L’Agriculture
Stéphane Le Foll doit consentir une réduction de 7% sur son budget évalué à 2,9 milliards d'euros. Le ministère espère compenser une partie de ses pertes par l'augmentation des crédits alloués dans le cadre de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour la période 2014-2020, avec une enveloppe annuelle moyenne de 7,5 milliards d'euros d'aides directes à distribuer aux exploitations françaises. Les dépenses de fonctionnement du ministère "diminuent de près de 6%".
Les effectifs dédiés à la politique de sécurité et de qualité sanitaire de l'alimentation sont toutefois stabilisés. Un message clair du gouvernement pour rassurer les Français après le scandale de la viande de cheval qui a secoué l’industrie agroalimentaire.
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