Le chiffre. Ils ont fait des études longues, dans des grandes écoles sélectives et souvent coûteuses. Mais leur diplôme, aujourd'hui, ne les prémunit pas du chômage. D'après une étude du cabinet Deloitte révélée en exclusivité lundi sur Europe 1, 28% des jeunes diplômés de grandes écoles depuis moins de trois ans sont actuellement à la recherche d'un emploi. Une proportion qui a quasiment doublé en un an.
"C'est décevant". La déception est donc très forte chez les jeunes diplômés interrogés par Europe 1. Ancien étudiant de Sciences Po Paris, spécialité communication, Diego entend la même réponse auprès des recruteurs : "Ils nous disent 'on n'a pas de vision à long terme de notre budget, on ne sait pas comment va être faite l'année 2013 donc on ne peut pas se permettre de prendre une décision aujourd'hui'. Après ils nous disent 'on reste en contact, on revient vers vous'. Mais à un moment, nous, il faut qu'on vive, qu'on mange tous les jours ! Quand on a fait cinq ans de sciences politiques à Paris, c'est un peu décevant."
Les bac+2 plus vite embauchés. Autre conclusion de l'étude Deloitte : les diplômés d'IUT et les titulaires de licence sont plus rapidement embauchés que les autres. Ainsi, plus de la moitié des diplômés d'un bac +2 décrochent un emploi dès le premier entretien, contre 38% des jeunes sortant de grandes écoles. 13% des diplômés d'IUT n'ont même pas envoyé de CV pour décrocher leur emploi, contre 7% de ceux issus de grandes écoles. La raison ? "Ils ont probablement eu un contact avec l'entreprise dans laquelle il ont été recrutés pendant leurs études, à travers des stage ou des processus organisés qui leur ont permis de faire leurs preuves", souligne Jean-Marc Mickeler, responsable de la Marque Employeur de Deloitte en France. "Ils n'ont pas eu besoin, derrière, de vendre leurs compétences."
"On nous a menti". Alors Sybil, diplômée d'un master en biostatistiques, confie son amertume. A 26 ans, elle est trop âgée pour prétendre aux contrats aidés mis en place par le gouvernement, qu'il s'agisse d'un emploi d'avenir ou d'un contrat de génération. Elle bénéficie donc uniquement du RSA. "Je suis déçue et surtout je pense qu'on nous a menti", estime-t-elle. "J'aurais mieux de faire une licence pro ou un IUT, ça aurait duré deux ou trois ans et je travaillerais déjà."