Alors qu'un nombre croissant d'économistes s'interrogent sur la pertinence de la barre des 3% de déficit imposée par le prochain traité européen, le ministère de l'Economie a tenu à rappeler samedi que cet impératif budgétaire n'est "ni biaisé ni intenable". Une manière de mettre fin au débat au sein de la gauche du parti socialiste et d'envoyer un message rassurant aux marchés.
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"La France peut y parvenir. Elle le doit"
"Le chiffre de 3%, condition du désendettement et de retour à la croissance, n'est ni biaisé ni intenable. La France peut y parvenir. Elle le doit", a martelé Pierre Moscovici dans un entretien accordé au quotidien Le Monde daté de dimanche.
Et le ministre de l'Economie d'imaginer le scénario du pire : "d'autres pays ont cédé au laisser-aller budgétaire et se sont, pieds et poings liés, retrouvés entre les mains des marchés". Ces pays "sont tombés dans la récession, ont vu leur taux de chômage s'aggraver dans un contexte social de protestation généralisée".
Les risques d'une obsession des 3%
Pierre Moscovici a ainsi répondu aux critiques grandissantes contre la vague d'austérité instauré par le gouvernement, à l'image de l'Américain Joseph Stiglitz. "Le respect coûte que coûte de cet objectif met en effet en danger le peu de croissance anticipée. Et, si celle-ci se dérobe, l'objectif de déficit ne tient plus non plus", a ainsi rappelé vendredi l'économiste Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
"C'est secondaire: le point clé, ce n'est pas les 3% mais l'impératif absolu pour la France de regagner en compétitivité", a renchéri Christian Saint-Etienne, professeur à l'Université Paris Dauphine, "c'est une question de survie". En clair, si la rigueur s'impose, elle ne doit pas forcément de chiffrer exactement.
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Le ministre a par ailleurs évoqué le projet de budget pour 2013 qui a été présenté au gouvernement vendredi et qui se traduit par un effort inédit de 30 milliards d'euros. Concernant les ménages, qui seront ponctionné de 10 milliards supplémentaires, Pierre Moscovici souligne que "ce sont les plus aisés qui contribuent".
"Neuf contribuables sur dix seront gagnants ou épargnés par notre réforme qui rétablit la progressivité de l'impôt sur le revenu", a-t-il souligné, reprenant une formule défendue jeudi soir par le Premier ministre.
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