Ils tiennent le siège depuis plus de 680 jours. Les salariés de Fralib Gémenos, anciennement la seule usine en France à fabriquer les thés Lipton et les infusions Éléphant, occupent le site sans relâche depuis que la production a été transférée en Pologne. Ils gardent l'espoir de conserver leur outil de production. Cet acharnement pourrait payer. Mardi après-midi, les "Fralib" ont reçu la visite de Jean-Pierre Jouve, ancien cadre dirigeant de Lustucru prêt à investir 15 millions d'euros pour préserver l'usine, racheter la marque Eléphant et la confier à une Scop.
Prêt à créer "30 à 60 emplois en trois ans"
"Aujourd'hui les investisseurs se rendent simplement compte que notre usine est rentable. Ce ne sont pas des philanthropes. Cela prouve juste que l'on est dans le vrai", savoure au micro d'Europe1 le délégué CGT Olivier Leberquier, l'une des figures de proue de la lutte.
"Cela fait deux ans que j'observe la situation de Gémenos. Et j'admire ses salariés qui défendent leurs outils de production et leurs feuilles de paye. Je suis prêt à faire redémarrer le site immédiatement, j'ai les fonds. Et je pense que la Scop est une solution intelligente pour reprendre l'usine", assure Jean-Pierre Jouve contacté par Europe1.
Sur les 182 salariés menacés depuis le 28 septembre 2010, 78 employés de Fralib se sont engagés à travailler pour une Scop et Jean-Pierre Jouve se dit même prêt à créer "de 30 à 60" emplois en trois ans tant il croit à la rentabilité du site.
Une refondation sous forme de Scop
Une Scop est une société coopérative dont les salariés sont les associés majoritaires. Ils y détiennent ainsi au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Une Scop possède un dirigeant comme n’importe quelle entreprise, mais celui-ci est élu par les salariés associés.
"Au vue de l'engagement montré par les salariés depuis deux ans pour sauver l'usine, je suis convaincu qu'ils ne se désengageront pas s'ils deviennent actionnaires majoritaires", s'explique l'ancien de Lustucru.
Suspendu à la décision d'Uniliver
Mais le projet n'est pas encore acté. Grâce aux employés, les machines sont encore en état de marche. Et la Communauté urbaine Marseille Provence a annoncé le rachat du terrain, des locaux et des machines de Gémenos. Reste qu'Uniliver refuse de céder la marque Éléphant aux salariés. Or pour Jean-Pierre Jouve, l’acquisition de la marque est un préalable, "une condition nécessaire" au redémarrage de l’activité, assure l'ancien cadre Lustucru au journal La Marseillaise.
Au moins quatre autres repreneurs se sont manifestés pour reprendre le site, dont un ancien cadre de Nestlé et Duc, Yves Stunic, qui pourrait s'associer à un projet de Scop, ou encore Charles Benkemoun, PDG du producteur de chips Sibell.
Le 25 mai, une visite d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, avait relancé le dossier Fralib. Jean-Pierre Jouve en appelle maintenant le PDG d'Uniliver Monde, Paul Polman, à négocier directement avec le gouvernement.
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