L'arrivée de Free dans le secteur des télécoms pourrait "dégrader la situation du secteur de la relation client à distance". C'est ce que craint le syndicat patronal des centres d'appel (SP2C). Son président, Laurent Uberti, a estimé vendredi sur Europe 1 qu'entre "5.000 et 10.000 emplois (sur les 64.000 salariés en France, ndlr) pourraient être détruits en France sur l'année prochaine" dans les centres de relation clients. Une menace qu'il impute au nouvel opérateur sur le marché depuis le 10 janvier.
"C'est d'autant plus alarmant et frustrant que notre secteur, malgré la crise, a toujours été en croissance. La relation clients à distance continue de se développer", a expliqué Laurent Uberti, dont le syndicat regroupe les 15 entreprises les plus représentatives de la relation clients.
La faute au modèle économique de Free
SP2C accuse Free Mobile de "déstabiliser les opérateurs historiques qui sont dans l'obligation d'effectuer des coupes budgétaires drastiques dont les centres d'appels sont les premiers concernés". Et ce, alors que beaucoup d'investissements avaient été réalisés jusqu'à aujourd'hui par les opérateurs historiques pour améliorer la relation clients, rappelle Laurent Uberti.
Ce qui n'est pas le cas de Free, selon lui. Le fournisseur d'accès à Internet "se positionne sur un modèle économique extrêmement tendu et qui met de côté les problématiques de services", déplore le président de SP2C.
SFR va licencier
Les craintes de SP2C se vérifient. Pour riposter à l'arrivée de Free sur le marché du mobile, SFR a annoncé jeudi vouloir tailler dans ses coûts et son personnel. Entre 150 et 200 emplois seraient menacés, selon les estimations des sources syndicales.
"Ce n'est que le début", a précisé l'une des sources. Selon elle, la direction de l'opérateur, qui a déjà perdu plus de 200.000 clients depuis l'arrivée de Free Mobile sur le marché, prévoirait 1.500 suppressions d'emplois par le biais de non-renouvellements de CDD et d'arrêts de contrats d'intérim ou de prestataires dans les 18 à 24 prochains mois.
De son côté, Bouygues Telecom a annoncé un plan d'économie de 300 millions d'euros, sans toutefois préciser l'impact sur l'emploi.
L'excuse Free Mobile
Pour les opérateurs historiques, avancer l'arrivée de Free Mobile comme cause principale à leur souci n'est-il pas un peu facile ? Reste que le gendarme des Télécoms, l'Arcep, a également estimé que le secteur pourrait perdre jusqu'à 10 000 emplois dans les années à venir à cause de l'arrivée du quatrième opérateur téléphonique, sans toutefois tenir compte des emplois créés par Free Mobile.