L’info. Quiconque a subi une fuite d’eau ou s’est retrouvé enfermé à l’extérieur de son domicile sait de quoi il s’agit. Les arnaques sont très fréquentes lorsqu’on recourt aux services d’un dépanneur à domicile, surtout lorsque le consommateur, au pied du mur, n’est pas en situation de comparer les prix et de refuser une prestation trop chère. Cette impression générale est désormais un constat établi, puisque la répression des fraudes a décidé de se pencher sur ce secteur et les chiffres sont éloquents : les contrôles ont décelé des anomalies dans un cas sur deux.
Une explosion du nombre de plaintes. La DGCCRF l’a confirmé lundi : les sociétés de dépannage à domicile font l'objet d'une surveillance accrue des agents de la répression des fraudes, après une hausse du nombre de plaintes de consommateurs. Ces dernières sont en effet passées de 1.781 en 2010 à 2.405 en 2013, soit une hausse de 35%.
Plus d’une société sur deux est concernée. Suite à cette multiplication des plaintes, la répression des fraudes a mené lors du premier semestre 2013 une grande enquête dans 342 établissements liés à ce secteur. Résultat : 111 avertissements, 25 injonctions et 44 procès-verbaux. Plus d’une société contrôlée sur deux était donc hors-la-loi, et à ce petit jeu, ce sont les serruriers et les plombiers qui sont les moins réglos.
Ces arnaques devenues monnaie courante. La plupart des infractions constatées concernaient "l'absence de publicité des prix, d'ordre de réparation ou de devis, de délivrance de note ou de facture ainsi que les conditions de démarchage à domicile voire d'abus de faiblesse", relève la DGCCRF. Sans oublier les factures qui gonflent sans aucune explication si ce n’est "des prestations de main d'oeuvre injustifiées".
Comment éviter de se faire avoir ? Premier conseil, exigez un devis. Ce dernier oblige en effet le dépanneur à vous indiquer ses tarifs et permet d’éviter des surprises. "Si on ne vous présente pas de devis avant l’intervention, il y a déjà un problème. Il faut l’exiger avant même qu’il commence une quelconque prestation sur votre porte ou votre tuyauterie", souligne Frédéric Blanc, de l'UFC Que Choisir.
De même, "s’il est écrit sur ce devis ‘nouvelle serrure’, il ne doit pas vous demander d’argent pour cette pièce nouvelle. Vous êtes alors dans le cas d’un démarchage à domicile, ils n’ont pas le droit d’encaisser de chèque ou d’argent avant un délai de sept jours", poursuit-il. Il est par ailleurs conseillé d’éviter les sociétés qui prétendent pouvoir tout faire, de la plomberie à l’électricité, en passant par le chauffage et la vitrerie.
Autre conseil, méfiez-vous des prospectus qui encombrent votre boîte aux lettres ou des autocollants qui se multiplient sur votre porte d’entrée. Il s’agit très souvent d’entreprises peu scrupuleuses, voire non déclarées. D’autres s’insèrent dans une carte anodine présentant les numéros d’urgence à appeler : police, pompiers... mais aussi le leur. Enfin, certains vont même jusqu’à orner leur prospectus d’un logo de la commune, d’un en-tête bleu-blanc-rouge ou encore avec une enveloppe estampillée "partenaire EDF" : dans ce cas, vous êtes quasiment sûr d’avoir affaire à des artisans peu scrupuleux.
Une loi en cours. C’est notamment pour lutter contre ce genre d’abus que le gouvernement a préparé une nouvelle loi, actuellement débattue par les parlementaires. Ce projet de loi Hamon sur la consommation doit notamment redonner plus de pouvoir au consommateur, mais aussi aux contrôleurs de la DGCCRF. Sans oublier de clarifier les règles du jeu, en prévoyant justement d'interdire les publicités qui utilisent ou se prévalent indûment de la caution d'un service public.
En attendant, les agents des fraudes invitent les consommateurs à "signaler systématiquement les abus ou dérives dont ils seraient victimes auprès de la Direction départementale chargée de la protection des populations (DDPP) de leur résidence".
Le thème des arnaques sera le sujet des Experts vendredi sur Europe 1, de 15h à 16h.
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