Georges Papandréou, le Premier ministre grec, a décidé lundi soir de soumettre le plan d'aide européen décidé le 26 octobre dernier à l'approbation de ses concitoyens. Ce sera la première consultation populaire dans le pays depuis l'abolition de la monarchie en 1974, après la chute de la dictature des colonels.
Pris de court, le président Nicolas Sarkozy doit téléphoner mardi à la chancelière Angela Merkel pour évoquer avec elle cette décision.
Ce référendum était-il prévu ? Absolument pas. De nombreux partenaires européens de la Grèce se sentent trahis, alors que ceux-ci avaient eu tant de mal à se mettre d'accord sur un plan de secours pour la Grèce et la zone euro le 26 octobre dernier.
Quand aura lieu le référendum ? Aucune date précise n'a pour l'instant été avancée mais le scrutin pourrait avoir lieu en janvier.
Pourquoi un référendum ? Georges Papandréou veut éviter d'être amené à annoncer des élections législatives anticipées. Il estime qu'il doit obtenir un soutien plus large de ses concitoyens avant d'aller plus loin. Car depuis plusieurs semaines, les signes d'hostilité au gouvernement se multiplient en Grèce. Le 19 octobre, plus de 120.000 personnes ont ainsi manifesté dans tout le pays afin de protester contre le dernier plan de rigueur adopté par les autorités.
Est-ce légal ? Certains analystes ont soulevé le problème. Ils se demandent si le gouvernement a bien le droit de proposer un référendum sur une question d'ordre économique ou fiscal. La Constitution du pays précise que de tels suffrages ne doivent porter que sur des questions de grande importance nationale. Il paraît toutefois peu vraisemblable que ce ne soit pas le cas ici.
Sur quoi portera-t-il ? Il s'agit d'approuver ou non le plan d'aide conclu entre les Européens le 26 octobre dernier. La zone euro avait convenu de prêter 130 milliards d'euros à la Grèce. Les créanciers privés (banques, assureurs, etc.) acceptent également d'essuyer 50% de pertes sur les quelque 210 milliards d'euros de titres de dettes grecs qu'ils détiennent. Une mesure à laquelle devraient participer 90% des banques, d'après l'Institut de la finance internationale (IIF), le lobby mondial des banques.
Le plan prévoit aussi un contrôle plus étroit des pays de la zone euro sur la gestion budgétaire du pays, ce qui revient à une perte de souveraineté, et de nouvelles mesures d'austérité.
Quelles sont les conséquences de cette annonce ? Cette annonce surprise va fragiliser la position des Européens vis-à-vis de leurs partenaires économiques (Etats-Unis et Chine en tête), alors que le G20 doit se tenir les 3 et 4 novembre à Cannes. D'ailleurs, le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel doivent en discuter par téléphone mardi.
Ensuite, les relations entre la Grèce et les autres pays membres de la zone euro risquent de se tendre fortement. En Allemagne, les réactions ne se sont pas fait attendre. "C'est une étrange manière d'agir", a par exemple déploré Rainer Brüderle le président du groupe parlementaire du FDP (libéral), partenaire avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la coalition au pouvoir.
Comment les bourses réagissent-elles ? Les marchés n'ont pas attendu très longtemps pour sanctionner lourdement les bourses européennes et les valeurs bancaires. A l'ouverture, le CAC 40 affichait un repli de 1,89%, le DAX de 3,37%, la Bourse de Madrid de 2% et celle de Milan de 3%. En milieu de matinée, les indices Stoxx des banques (-4,98%) et des assurances (-5,08%) accusaient les plus fortes baisses sectorielles en Europe. L'euro a aussi reculé par rapport au dollar (à 1,3725 vers 10h30).
Que vont répondre les Grecs ? Personne ne peut préjuger de la réponse qu'apporteront les citoyens grecs mais les premiers éléments ne semblent pas favorables à un oui. 60% des Grecs jugent l'accord du 26 octobre négatif, d'après le dernier sondage sur la question, publié samedi par le journal To Vima.
Que se passera-t-il si les Grecs disent oui ? Le plan d'aide serait appliqué. En revanche, rien ne dit que les marchés patienteront calmement d'ici là sans broncher. Il est même fort probable que les investisseurs privés ou les pays émergents considèrent d'un mauvais œil ce retard pris dans l'application du plan. Une forte volatilité est à prévoir d'ici au vote.
Et s'ils disent non ? C'est l'avenir de la Grèce au sein de la zone euro qui semble en jeu. L'économiste chypriote Christopher Pissarides, lauréat du prix Nobel, n'est pas optimiste. "En cas de victoire du 'non', la Grèce ferait défaut immédiatement. Je ne la vois pas rester dans l'euro", prédit-il. Le ministre finlandais des Affaires européennes, Alexander Stubb, estime lui aussi que le référendum équivaudra à un vote sur l'appartenance du pays à la zone euro.