Un salaire minimum en baisse de 20, voire 30% pour les plus jeunes, 15.000 suppressions d’emplois publics dans l’année, de nouvelles coupes dans certaines retraites… Le plan d’austérité adopté dimanche soir par le Parlement demande aux Grecs de nouveaux sacrifices pour réaliser 3,3 milliards d’économies budgétaires. Le soir du vote, les rues d’Athènes se sont embrasées, les manifestations monstres organisées dans l’après-midi ayant viré à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Et ce plan, réclamé par l’Union européenne et le FMI, peine aussi à convaincre les économistes.
Pourquoi cette cure d’austérité ? Athènes devait absolument adopter ce nouveau plan d’austérité pour pouvoir obtenir le déblocage d’un programme d’aide de 130 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI. Il y avait urgence : sans cette somme, la Grèce risque de se retrouver en défaut de paiement dès le 20 mars, à l’échéance de créances de 14,5 milliards d’euros. Mais l’adoption du plan n’est pas la seule condition au versement de l’aide : il faut encore trouver 325 millions d’euros d’économies supplémentaires dans le budget 2012, et les responsables politiques soutenant la coalition au pouvoir doivent s’engager, par écrit, à soutenir le plan de rigueur.
Ce plan peut-il marcher ? "C’est au moins le sixième plan d’austérité demandé à la Grèce. Tout cela n’a pas fonctionné", a expliqué à Europe1.fr Jésus Castillo, analyste chez Natixis. D’après lui, il y a aujourd’hui un consensus chez les économistes : "on voit que le remède est en train de tuer le patient".
"On creuse un peu plus la récession, on désorganise l’économie, et on n’arrive pas à augmenter les recettes fiscales", note-t-il, déplorant l’absence de réformes qui devraient accompagner le plan de rigueur. La relance n’est pas au rendez-vous, et "malgré les baisses de salaires, la production continue de s’effondrer". En clair, insiste l’économiste, "ce n’est pas le bon chemin qu’on est en train de prendre".
Que faudrait-il faire pour sauver la Grèce ? Pour Jésus Castillo, il faudrait ou bien que des fonds soient injectés en Grèce, ou bien qu’on "efface sa dette". Pascal Canfin, vice-président de la commission spéciale sur la crise, eurodéputé EELV, a estimé pour sa part sur Europe 1 que la priorité "numéro un" était la lutte contre l’évasion fiscale : "il y a toujours autant d’argent grec qui a échappé à l’impôt, depuis six mois, 80 milliards d’euros sont repartis des comptes grecs vers les paradis fiscaux".
Autre priorité, "faire en sorte que l’Eglise orthodoxe paie enfin des impôts". Pascal Canfin plaide aussi pour une "diminution radicale des dépenses militaires" et note que la société grecque bloque ces mesures. Et l’Europe devrait, selon lui, "accepter de sanctuariser toutes les dépenses sociales", afin que le modèle grec puisse tenir.