Le chiffre. Mauvaise nouvelle pour la croissance française : la consommation des ménages, principale locomotive (à 60%) du PIB tricolore, a enregistré un repli historique. Leurs dépenses ont en effet baissé de 0,4 % en 2012, après une légère progression en 2011 (+ 0,5 %), révèle l'Insee mardi. Un indicateur qui fait froid dans le dos une fois exposé à la lumière du passé : il s'agit seulement de la deuxième baisse enregistrée en soixante ans, date de naissance de l'indicateur, après celle de 0,2% en 1993.
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Ces dépenses qui baissent... La hausse du chômage et la baisse d'activité des entreprises sont évidemment responsables de cette dégradation, explique l'Insee. Et l'automobile est le premier budget sur lequel les Français rognent. Les achats d’automobiles ont chuté de 10,1% et "une telle contraction n’avait pas été observée depuis 1997", constate l’Insee. Viennent ensuite les dépenses pour la culture et les loisirs, qui reculent de 1,5%. L'Insee évoque notamment une "accentuation" du désamour des ménages envers les livres et la presse papier, avec une consommation en baisse de 3,6%.
... Et celles qui augmentent. La baisse de ces dépenses s'explique aussi par la hausse des prix sur les dépenses "pré-engagées" (contraintes), comme les loyers, les télécommunications, les services financiers ou les assurances. Ces dépenses "augmentent plus fortement que les autres dépenses", relate l'Insee.
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De l'appétit pour la high-tech mais... Il n'y a toutefois pas que les dépenses contraintes qui augmentent. Les Français se font tout de même "plaisir" sur la High-tech. Les dépenses en "biens et services de l’économie de l’information", à savoir les nouvelles technologies, ont ainsi augmenté de 3%, avec notamment un énorme boom des Smartphones (+66,5%) et, dans une moindre mesure, des services télécoms (+,7,1%). Mais cette hausse est calculée en volume (nombre d'achats des consommateurs), et non en valeur (le montant dépensé). Ce dernier indicateur baisse en effet de 3,6%, ce qui peut en partie s'expliquer par la baisse des prix dans la téléphonie mobile, avec l'arrivée de Free sur le marché.
Et si cette baisse était une bonne nouvelle ? La baisse de la consommation entraîne mécaniquement un manque à gagner pour l’État. Or les recettes de la TVA constituent près de la moitié des rentrées fiscales. En 2012, le Trésor public a récolté 133 milliards d’euros, et il espérait 8 milliards de plus en 2013. Cette baisse de consommation pourrait contraindre le gouvernement à revoir ses prévisions. Mais cette baisse pourrait entrainer un nouveau modèle économique pour la France, jugé trop dépendant de la consommation par certains économistes. "On se dirige vers un rééquilibrage du modèle français de croissance en direction de la production, une évolution indispensable pour le pays", analyse ainsi Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis, interrogé par La Croix. Et de conclure : "ce rééquilibrage passe toujours, dans un premier temps, par une purge de l’excès de demande intérieure. Il faudra conforter ce mouvement par une montée en gamme de nos produits et une compétitivité accrue".