Les six pays de la zone euro notés "AAA" vont-ils être déclassés dans les trois mois à venir ? La France, l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas ont été placés lundi par l'agence de notation Standard & Poor's "sous surveillance négative". Les neuf autres pays de la zone euro, non classés triple AAA, sont aussi menacés.
Et la situation est particulièrement critique pour la France. S&P a prévenu que la note de l'Hexagone pourrait être abaissée jusqu'à deux crans alors qu'elle n'envisage qu'une révision à la baisse d'un seul cran pour les cinq autres "triple A" de la zone euro, à savoir l'Autriche, la Finlande, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg.
Les deux seuls pays de la zone à ne pas être concernés sont la Grèce, dont la note correspond actuellement au défaut de paiement, et Chypre, déjà sous "surveillance négative".
L'attitude de l'Europe mise en cause
Il s'agit donc d'un carton jaune... avant le carton rouge. Cette surveillance "avec implication négative" signifie que S&P est en train de revoir les notes attribuées aux pays concernés et qu'elle pourrait décider de les baisser dans les trois mois à venir. "Nous pensons que l'absence de progrès des dirigeants européens pour contrôler l'étendue de la crise financière pourrait être le reflet de faiblesses structurelles dans le processus de prise de décision au sein de la zone euro et de l'Union européenne", aurait dit S&P aux six pays concernés, selon le Financial Times.
Cette mise sous surveillance de S&P intervient le jour même où Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé un accord franco-allemand "complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro, passant par la rédaction d'un nouveau traité dès le mois de mars.
S&P a indiqué qu'elle comptait achever son passage en revue des éléments soutenant la notation des quinze pays européens menacés lundi "aussi vite que possible après le (prochain) sommet européen". Cette réunion des dirigeants de l'UE est prévu pour les 8 et 9 décembre à Bruxelles et doit permettre d'accoucher d'un plan de sauvetage de la zone euro crédible aux yeux du monde entier. Voilà qui met un peu plus de pression sur les dirigeants européens, contraint de trouver un accord satisfaisant. Car Standard and Poor's a précisé que son avertissement découlait aussi de "la poursuite des désaccords entre les dirigeants européens" sur les solutions à apporter à la crise.
"Tout est fait pour protéger les Français"
L'Elysée a immédiatement réagi lundi soir en rappelant que Paris et Berlin "pleinement solidaires, confirment leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires" pour "assurer la stabilité de la zone euro". "La France et l'Allemagne réaffirment que les propositions formulées aujourd'hui conjointement permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance", affirme le communiqué diffusé par la présidence de la République.
Le ministre français de l’Économie, François Baroin, invité du Soir 3 sur France 3, s'est également voulu rassurant. "Tout est fait pour protéger les Français, les économies des Français, et elles seront protégées", a-t-il ajouté. "Tout est fait pour permettre aux banques de maintenir l'irrigation de l'activité économique, elles le continueront. Il n'y aura pas besoin de participation publique à l'augmentation du capital des banques", a-t-il certifié. "Nous avons de la marge pour un éventuel ralentissement économique donc nous n'avons pas non plus besoin d'un troisième plan de rigueur", a affirmé François Baroin sur France 3.
Même tonalité chez Valérie Pécresse. "Standard & Poor's ne nous a pas dégradés. Elle nous a mis sous surveillance. C'est très différent", a expliqué la ministre du Budget au micro d'Europe 1. L'agence de notation "refera le point à l'issue du sommet européen de cette semaine. Cela démontre que ce sommet est essentiel pour la zone euro", selon Valérie Pécresse.