Et si le plombier polonais était en fait maçon ? En 2005, la directive dite "Bolkestein", qui prévoyait la possibilité pour les Européens de travailler n'importe où dans l'Union européenne aux conditions de leur pays d'origine, avait été enterrée devant l'inquiétude des salariés français.
Bataille de chiffres
A en croire une note du ministère du travail, révélée mardi matin Le Parisien, les ouvriers d'Europe de l'Est n'en ont même pas eu besoin. Selon le quotidien, plus de 300.000 personnes venues de toute l'Europe travailleraient en France en dehors du cadre légal, essentiellement sur les chantiers ou dans l'industrie. D'après le ministère du Travail, contacté par Europe 1, ils étaient en fait 145.000 en 2011.
Ces ouvriers, principalement roumains, portugais, espagnols ou polonais, ne sont pas embauchés aux mêmes conditions que leurs collègues français. Ils sont en effet embauchés par des prestataires de services directement dans leur pays d'origine, prestataires qui eux signent les contrats avec la France. Un mécanisme tout à fait légal. Ou presque. Car si une directive européenne autorise bien l'emploi de prestataires étrangers, les ouvriers sont censés être payés dans les conditions du pays qui les reçoit.
"Des conditions de vie inacceptables"
Pour la France, cela signifierait ainsi respect des 35 heures, du Smic, du droit à la formation… Autant de principes qui ne semblent pas intéresser les employeurs, comme le constate Patrick Liébus, président de la Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment, au micro d'Europe 1 : "ils travaillent entre 5 et 7 euros de l'heure (le Smic est de 9.40 euros/heure, NDLR), hors sécurité, dans des conditions de vie inacceptables. C'est le retour de l'exploitation de l'homme par l'homme".
Pendant ce temps, le chômage augmente
Les révélations du Parisien interviennent alors que selon une note de l'Insee publiée mardi matin, 50.400 postes ont été détruits en France sur les trois derniers mois. "Il y a 3 millions de chômeurs en France, et on a en même temps des gens qui sont littéralement exploités. On ne peut pas travailler dans ces conditions, c'est une véritable concurrence déloyale", dénonce Patrick Liébus.