Le premier prêt à l'habitat monté en France en respect des principes de la loi islamique a été octroyé en mai à un "sportif de haut niveau" pour l'achat d'une maison en région parisienne, a annoncé une association qui œuvre à la promotion de ce type de financements.
"Nous avons fait une première opération de prêt habitat en mai", a déclaré Anass Patel, président de l'Association d'innovation pour le développement économique et immobilier (AIDDIM) qui a conseillé l'acquéreur, lors d'un colloque sur la finance islamique mercredi à Strasbourg.
Eviter le versement d’intérêts
Le bénéficiaire est un "sportif de haut niveau", qui a fait l'acquisition d'une maison en région parisienne pour "un montant important" et a bien voulu se prêter à cette première afin de faire progresser la mise au point du produit, a précisé Anass Patel. Le prêt a été accordé par la BRED, affiliée au groupe Banque Populaire, mais cette dernière n’a pas souhaité réagir.
L'opération a été réalisée par le biais d'un mécanisme d'achat-revente ("Murabaha") consistant, pour la banque, à acheter le bien et le revendre ensuite au client. Ce dernier rembourse ensuite la banque en une ou plusieurs fois et lui verse, en outre, une commission correspondant au service rendu. La formule permet d'éviter le versement d'intérêts, prohibé par la loi islamique.
Favoriser l’investissement en France
La finance islamique interdit le recours aux intérêts, à la spéculation et aux investissements considérés comme impurs (jeu, alcool, armement, pornographie, tabac...). Son développement en France et plus généralement en Europe reste marginal, en particulier pour le grand public, hormis en Grande-Bretagne.
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'est engagée de longue date en faveur de réformes susceptibles de favoriser son implantation dans l'Hexagone. Mais l'adaptation de la législation fait débat au sein des élus, notamment à gauche, au nom du principe de laïcité.
L'arrivée de la finance islamique en France pourrait permettre à certains particuliers ou entreprises de disposer d'instruments d'investissement compatibles avec leurs opinions religieuses, alors qu'aujourd'hui ils s'abstiennent, investissent à l'étranger ou utilisent à contre-cœur des outils financiers habituels.