Tous les ans, l’Institut Economique Molinari calcule à quelle date les Français ont payé l’ensemble des taxes, prélèvements et impôts auxquels ils sont soumis dans l’année. Cette année, le jour où l’effort collectif laisse place à l’enrichissement individuel est le 28 juillet, deux jours plus tard qu’en 2013.
Qu’est-ce que la libération fiscale et sociale ? L’Institut Economique Molinari, connu pour ses positions libérales, coupe l’année en deux. Une première partie où l’ensemble du travail fourni par les salariés sert à financer les dépenses publiques. La seconde, où toutes les taxes, impôts et prélèvements ont été payés et où la rémunération permet d’avoir une consommation ou une épargne choisie. L’institut s’inspire des travaux de Milton Friedman et met en opposition les dépenses forcées (comme la sécurité sociale) et celles qui sont librement décidées par les consommateurs (la possibilité de cotiser à un système de santé privé par exemple).
Comment elle se calcule. Estimer la pression fiscale n’a rien d’original. De nombreux instituts le font, du FMI à Eurostat. La France est toujours classée parmi les pays dont le poids de la fiscalité est l’un des plus importants. L’institut Molinari utilise un salaire moyen dit "super brut". Autrement dit le salaire auquel on ajoute l’ensemble des cotisations (retraite, sécu, etc.), l’impôt sur le revenu et ce qui reste après le paiement des charges et des taxes du quotidien (TVA). Ainsi, l’institut estime avoir une base fiable pour comparer des pays dont les règles fiscales diffèrent fortement.
Un classement européen. La France n’est pas le seul pays dont le poids fiscal est analysé par l’institut Molinari : les 28 pays de l’Union européenne sont passés au crible. Les Français sont quasiment les derniers à se libérer de leurs obligations, devant les Belges, le Plat Pays étant pourtant prisé par certaines personnalités pour ses avantages fiscaux. Le gros des Européens sont "libres" dès juillet. La palme revient à Chypre où la totalité des taxes et impôts sont payés dès mars. Selon les calculs de l’institut, un Français doit gagner 233 euros pour disposer à sa guise de 100 euros.
Un calcul discutable. Outre les positions très libérales assumées par l’institut, le mode de calcul retenu prête à débat comme le rappelle Libération. En effet, les cotisations patronales (payées par l’employeur) sont considérées comme payées par le salarié. Celui-ci est d’ailleurs d’un modèle unique : célibataire et sans enfant, locataire de son logement. Or, avec ce personnage type, on laisse de côté le quotient familial et on mélange les prélèvements individuels (les cotisations et la TVA) et l’impôt sur le revenu qui est calculé sur un ménage avec des parts fiscales qui varient en fonction du nombre d’enfants. Autre exemple qui montre les limites de la méthode de l’institut Molinari : le taux de TVA appliqué à la consommation est toujours le plus fort. Sans compter l’institut par du principe que 35% du revenu disponible est consacré au loyer, ce qui est plutôt vrai en région parisienne, beaucoup moins en campagne.