C'est une dégringolade pour le secteur du logement neuf en France. D'après les chiffres du ministère du Logement, les mises en chantier de nouveaux logements ont diminué de 12,9% en France pour la période allant de janvier à mars 2012. Un arrêt brutal qui s'explique par un effondrement des mises en chantier et une baisse des permis de construire, liés à la crise de la dette et à la diminution des aides publiques.
"Le reflet d'une crise plus profonde"
"C'est un sérieux coup d'arrêt sur la construction", analyse Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest. La situation est comparable à celle du début des années 1990 quand l'activité avait baissé sans perspectives de redémarrage dans un horizon rapproché. Ça n'est pas conjoncturel".
"Une baisse de 10%"
Pour Michel Mouillart, le secteur de la construction a "descendu une grande marche, en deux temps". Les mises en chantier, y compris dans le neuf, ont représenté quelque 94.470 logements au premier trimestre 2012, contre 133.567 le trimestre précédent, soit une baisse de 29,3%. A tel point que, sur l'ensemble de l'année 2012, les mises en chantier pourraient baisser de près de 10% par rapport à 2011, prédit ce spécialiste.
Les logements individuels en première ligne
Le secteur des logements individuels, très révélateur de la demande, a été touché le premier, avec un dernier trimestre 2011 "qui n'a pas été bon, en raison de la crise de la dette et ses conséquences en terme de chômage, de perte de pouvoir d'achat, de bouclages de plans de financement, etc.", explique Michel Mouillart.
Un ralentissement qui s'explique aussi par le recentrage du prêt à taux zéro (dit PTZ+), désormais réservé aux logements neufs. Les mises en chantier ont ainsi chuté de 18% dans la construction de logements individuels purs entre janvier à mars.
Le dispositif "Scellier" rabotté
En outre en 2012, pour sa dernière année, le dispositif "Scellier", le rabais fiscal accordé aux investisseurs achetant des logements neufs pour les louer, a été de nouveau "raboté" à un taux de 13%, contre 22% en 2011. Ceci a incité de nombreux promoteurs à fortement ralentir le lancement de nouveaux programmes et le dépôt de permis de construire.
Les mises en chantier de logements collectifs ont donc été très nombreuses au dernier trimestre 2011 (72.602), avant de chuter au premier trimestre 2012 à 43.864 logements commencés.
Les collectifs sociaux aussi
"La construction de collectifs sociaux souffre aussi, avec des collectivités locales mal en point financièrement, le 1% raboté, et des bailleurs sociaux qui se retrouvent dans la même situation que les autres acteurs du secteur", ajoute Michel Mouillart.
Pour le ministre délégué au Logement, Benoist Apparu, ce ralentissement s'explique aussi par la fiscalité actuelle, qui incite les propriétaires de terrains à les garder le plus longtemps possible. "La plus-value est dégressive", a-t-il asséné sur Europe 1 mardi matin. "Il faut donc inverser la fiscalité pour qu'il y ait un choc d'offre foncière dès 2013", a conclu ce soutien du candidat Nicolas Sarkozy. Une disposition approuvée par Thierry Repentin, le "Monsieur Logement" du candidat socialiste. Mais il a précisé, mardi, sur Europe 1, que cette révision de la fiscalité avait été "proposée il y a deux mois par François Hollande au Bourget".
Une révision de la fiscalité qui semble nécessaire pour pallier la pénurie de foncier, déplorée par Guy Nafilyan, le PDG du constructeur Kaufman & Broad. "Il n'y a pas assez de terrains constructibles administrativement car les maires ont conçu des PLU (Plan local d'urbanisme, NDLR) extrêmement restrictifs, a-t-il assuré, mardi, sur Europe 1.