L'annonce. Le géant français de la publicité Publicis et l'américain Omnicom ont annoncé jeudi qu'ils renonçaient à leur projet de fusion annoncé en juillet 2013, invoquant les "défis" encore à surmonter 10 mois plus tard.
Publicis et Omnicom "annoncent aujourd'hui conjointement qu'ils ont mis un terme à leur projet de fusion entre égaux d'un commun accord, au vu des difficultés à clore la transaction dans des délais raisonnables", indique un communiqué commun.
Problème de répartition des rôles. "Je suis un homme de principe. Le principe de l’égalité a été trahi. Il n’était donc pas question d’aller plus loin", explique Maurice Levi au micro d’Europe 1. Le président de Publicis dénonce la volonté d’Omnicom de vouloir placer aux trois postes principaux (Directeur général, directeur financier et le directeur juridique) ses hommes. "C’était too much", assure Maurice Levi. Mais Publicis ne sort pas affaibli de cette fusion ratée, assure le patron de Publicis.
Un enjeu de taille. La fusion programmée du numéro deux et du numéro trois mondial de la publicité aurait pourtant été une nouvelle importante sur le marché. A l'époque de l'annonce de leur union, les groupes avaient estimé qu'ils deviendraient les leaders du secteur, devant le Britannique WPP, avec un chiffre d'affaires cumulé de 17,7 milliards d'euros et une valeur boursière de 26,5 milliards d'euros.
Publicis et Omnicom jugeaient en plus que la fusion leur permettraient de dégager des économies d'échelle importantes et d'économiser environ 377 millions d'euros. L'objectif de cette opération était également de mieux s'adapter à la vague du numérique. Le nouveau groupe aurait employé 130.000 personnes à travers le monde.
Bataille d’égo. Problème : dès le mois d’avril, le quotidien économique Wall Street Journal avait prévenu que le processus de fusion s'était transformé en une "bataille de titans" entre les patrons respectifs de Publicis et Omnicom Maurice Levy et John Wren.
Lorsque le projet de fusion, qui était prévu pour aboutir début 2014, a pris du retard, le président du directoire de Publicis et le directeur général d'Omnicom ont invoqué des retards réglementaires et des problèmes fiscaux.
Retour à la concurrence. Mais selon le quotidien américain, c'était des luttes de pouvoir qui bloquaient le processus. Bien qu'elle ait été présentée comme une "fusion entre égaux", l'opération nécessitait en effet légalement que l'un des deux groupes rachète l'autre et aucun n'acceptait d'être le racheté.
"Nous avons donc décidé conjointement d'aller chacun de notre côté", ont expliqué jeudi les deux patrons. "Nous restons bien entendu concurrents mais nous avons toujours un grand respect l'un pour l'autre".
"Une belle opportunité" ratée. La fusion échouée n'a en tout cas "jamais été considérée comme une nécessité" mais était "une belle opportunité", explique vendredi le président du directoire du groupe français Maurice Lévy dans une note à ses salariés. Le patron de Publicis, qui indique cependant "avoir beaucoup cru" à ce rapprochement, y fait part de "l'impossibilité de le réaliser dans des délais raisonnables".
"Les difficultés encore à surmonter, ajoutées à la lenteur du processus, ont créé un niveau d'incertitude préjudiciable aux intérêts des deux groupes, de leurs salariés, de leurs clients et de leurs actionnaires", explique-t-il dans un courrier que l'AFP s'est procuré.
Maurice Lévy assure enfin qu'il restera aux commandes du groupe publicitaire français malgré l'échec de la méga-fusion. "Je n'ai pas l'impression d'avoir été affaibli" par l'échec de l'opération qui aurait créé le numéro 1 mondial du secteur, "même si je suis extrêmement déçu. Je resterai jusqu'à la fin de mon mandat qui se termine le 31 décembre 2015", a indiqué Maurice Lévy, 72 ans, qui est président du directoire du groupe depuis 1987.
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