Le rendez-vous. La réforme des retraites est lancée. L'épineux sujet sera sur la table des discussions lundi à Matignon, où Jean-Marc Ayrault reçoit toute la journée les partenaires sociaux. François Hollande s'était engagé à boucler la réforme dès cette année. Mais qu'en est-il ? Europe 1 vous révèle en exclusivité l'agenda et les pistes privilégiées par l’Élysée, qui préparent les Français à des efforts drastiques.
>> INTERVIEW E1 - La CGT veut "mobiliser sur les retraites"
Une accélération du calendrier. Selon nos informations, le chantier des retraites n'attendra pas l'automne. Pour l'Elysée, la piste privilégiée reste celle des négociations avec un objectif : boucler le projet fin juillet, pour une de loi si possible en septembre. Pourquoi un tel empressement ? Les exigences de l'Europe, d'abord. Bruxelles octroie deux années supplémentaires à la France pour atteindre les 3% de déficit, mais exige en contrepartie des réformes fortes. Et l'Elysée veut convaincre de sa bonne volonté. La deuxième raison se trouve dans les élections allemandes, qui ont lieu en septembre. L'Elysée, dans l'idéal, souhaite boucler sa réforme des retraites pour se présenter en position de force face au nouveau chancelier. Surtout si ce nouveau chancelier reste une chancelière, c'est à dire Angela Merkel.
Les retraités vont contribuer. C'est une certitude : pour assurer le financement des retraites jusqu'en 2020, l'Elysée veut agir sur le niveau des pensions. Première piste : l'alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs. Leur CSG passerait ainsi de 6.6% à 7.5%. Seconde piste : la désindexation. La réévaluation annuelle des pensions en fonction de la hausse des prix et l'inflation serait ainsi supprimée.
Concrètement, combien vont-ils payer? Si on augmente la CSG d'un point, cela représente environ 140 euros de moins par an et par retraités (excepté pour ceux qui gagnent moins de 900 euros par mois). Si l'exécutif choisit la désindexation totale, cela signifie que l'on ne prend pas du tout en compte l'inflation qui se situe, en moyenne, autour de 1,5 à 2%. Dans ce cas, cela représente un manque à gagner de 250 euros par an environ pour les retraités. Si on revalorise les retraites d'un point en dessous de l'inflation (ce qui semble être l'hypothèse privilégiée du gouvernement), les retraites perdront 140/150 € par an.
Une cotisation à 44 annuités. L'horizon élyséen s'étend aussi à moyen terme. François Hollande entend ainsi sécuriser les retraites jusqu'en 2035. Mais pas question de toucher à l'âge légal de départ en retraites. Selon les informations d'Europe1, c'est donc la durée de cotisations qui va être allongée. L'Elysée souhaite pousser le curseur assez loin, à 44 annuités contre 41 annuités et demie aujourd'hui.
Qui est concerné ? En moyenne, l'âge du 1er CDI se situe autour de 26 ans. Cela signifie donc que cette réforme amène ceux qui font des études ou qui ont eu du mal à entrer sur le marché du travail à partir avec une retraite pleine à... 70 ans. Comme la réforme sera pleinement mise en place en 2035, seront concernés ceux qui ont commencé à travailler à partir des années 90.