La Cour des comptes a rendu mardi son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques. Les Sages de la rue de Cambon alertent sur les risques de dérives du déficit public, qui pourrait atteindre 4% en 2014. Ces experts recommandent donc de prendre le taureau par les cornes et de tailler dans le gras en supprimant 30.000 postes de fonctionnaires par an et de maintenir le gel du point d’indice. Objectif : réduire le poids d’un poste qui représente 23,2 % de la dépense publique et 13,3 % du PIB.
Les fonctionnaires à la diète ? Didier Migaud et consorts proposent de ne pas renouveler 30.000 postes de fonctionnaires partant à la retraite par an. Une diminution de 0,5% par an des 5,5 millions de fonctionnaires qui permettrait de dégager 850 millions d’économies supplémentaire par an. La Cour des comptes vise principalement les hôpitaux et les collectivités locales : 20.000 postes doivent disparaître, insiste l’institution. Les Sages préconisent aussi le non renouvellement d’un fonctionnaire sur trois partants à la retraite.
La cure d’amincissement concerne également l’Etat. La Cour des comptes estime qu’il est possible de supprimer 10.000 postes dans les ministères en réduisant les effectifs dans les ministères “non prioritaires”, comme la Défense ou l’Economie, et en maintenant stable ceux des “prioritaires”, comme l’Education, la Justice ou l’Intérieur.
Travailler plus, gagner autant. La Cour des comptes insiste par ailleurs sur la nécessité de continuer à geler le point d’indice considérant ce dernier comme "le levier budgétairement le plus efficace pour agir sur les dépenses de personnel". Toutefois, avec une inflation à seulement 0,5%, son efficacité tend à diminuer, précisent les Sages. Le gouvernement ayant besoin d’effets rapides sur les budgets, la Cour des comptes recommande "le gel temporaire des avancements" des agents publics, la suppression de certaines primes ou la diminution des heures supplémentaires.
Didier Migaud et ses collègues suggèrent également d’augmenter «la durée effective du travail dans les administrations». En effet, selon des études de la Cour des comptes, la durée effective du travail des fonctionnaires est inférieure à la durée légale. Elle propose donc "une augmentation du temps de travail effectif de 1 %, soit l'équivalent de la suppression de deux jours de congés, permettrait une économie pour l'ensemble de la fonction publique de 700 millions d'euros en réduisant les recrutements nécessaires". Les Sages préconisent également de rétablir "la journée de carence en cas de maladie" afin de réduire les absences dans la Fonction publique.
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