>> La décision. Les salariés peuvent respirer, au moins dans l'immédiat. Lundi après-midi, le tribunal de commerce de Paris a placé la chaîne de distribution Virgin Megastore en redressement judiciaire, et ce pour une période de quatre mois. Le groupe échappe ainsi à la liquidation judiciaire pure et simple, qui aurait entraîné la fermeture des 26 magasins et la mise à la porte des 1.000 salariés.
Pour la direction de l'entreprise, c'est un soulagement. Les dirigeants espéraient en effet obtenir du tribunal de commerce ce délai supplémentaire pour remettre l'entreprise sur les rails. "C'est une nouvelle que nous attendions. Nous allons travailler avec l'administrateur judiciaire pour explorer différentes pistes", a déclaré Christine Mondollot, présidente du directoire de Virgin, à l'issue de l'audience. "Seuls, nous n'étions pas capables de trouver une solution".
• Pourquoi Virgin va mal. Comme ses concurrents, Virgin souffre d'abord de la baisse des ventes de produits culturels. Selon les chiffres du Snep, le Syndicat national de l'édition phonographique, les ventes des CD ont ainsi plongé de 15 % entre septembre 2011 et septembre 2012. En l'espace de 10 ans, elles ont même chuté de 70%. De leur côté, les ventes de DVD ont elles aussi diminué, de 15 % en quatre ans.
Mais si ce phénomène est commun à tout le monde, Virgin souffre également d'un mal propre : le coût de ses loyers. Pour renforcer son image de marque, le distributeur a installé des magasins très grands, dans des zones très chères. C'est par exemple le cas des Champs-Élysées. Un magasin de trois étages, dans l'un des plus beaux bâtiments de l'une des avenues les plus chères du monde : la facture monte très vite. La direction a d'ailleurs annoncé sa fermeture fin décembre.
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• Un nouveau modèle économique à inventer ? La conséquence, c'est que pour se redresser, Virgin va d'abord devoir se réinventer. "Il y a du monde dans les magasins. On aime bien y flâner, mais on achète ailleurs", expliquait la semaine dernière Philippe Moati, professeur d'économie à l'université Paris-Diderot, à europe1.fr. Selon lui, puisque les prix sont moins élevés en ligne, les distributeurs de biens culturels doivent envisager d'évoluer vers des showrooms, dont la vocation première est de faire découvrir les produits au public. "Il faudra réfléchir à la taille des magasins, à leur vocation entre vente et animation, et à la diversification des produits, comme le fait la Fnac avec l'électroménager", estime-t-il.
Virgin doit également faire face à des frais fixes élevés : beaucoup de ses magasins sont en effet implantés dans des zones où les loyers sont extrêmement élevés, ce qui alourdit d'autant les charges. Pour redresser la barre, l'enseigne devra donc rapidement se trouver un nouveau modèle économique, expliquait la semaine dernière Philippe Moati.