Cette méthode "Hartz" qui intéresse Hollande

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Si l’Elysée a démenti vouloir nommer Peter Hartz conseiller, ses réformes en Allemagne sont étudiées avec intérêt.

L’info. Alors que le président de la République a explicité officiellement son virage social libéral lors de sa conférence de presse début janvier, on a appris mardi qu’il avait rencontré fin 2013 Peter Hartz. Un nom encore méconnu en France mais que les Allemands ne peuvent ignorer, et pour cause : la vaste réforme de l'Etat-providence et du marché du travail allemands entamée en 2003 porte son nom. L’occasion donc de mieux faire connaissance avec ce personnage rentré dans le language commun outre-Rhin. Pour le meilleur et pour le pire.

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Peter Hartz, un modèle au secours du chancelier. Lorsque Gerard Schröder fait appel à Peter Hartz, ce membre du directoire du constructeur automobile Volkswagen jouit d’une très bonne image. Ce dernier " est un très grand DRH, associé à toute une série de mesures sociales chez Volkswagen. C’est une sorte de colosse du dialogue social", décrit Bernard Gazier, enseignant chercheur en économie et professeur émérite à l’université Paris 1. Sans oublier qu’il est fils d’un métallurgiste, encarté au SPD, l’équivalent allemand du PS, qu’il entretient de très bonnes relations avec IG Metall, le syndicat le plus puissant outre-Rhin.

Dans le même temps, l’Allemagne est empêtrée dans "un scandale qui a touché l’Agence pour l’emploi. Cette dernière avait manipulé les chiffres du chômage de longue durée pour les minimiser. C’est suite à ce scandale qu’une commission a été mise en place pour réformer le système et lutter contre le chômage de longue durée", rappelle Yoann Boget, chercheur au centre Maurice Halbwachs. Et pour présider cette commission, le gouvernement allemand nomme logiquement Peter Hartz.

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Un chantre du dialogue social. La commission Hartz entame donc ses travaux en 2002 et "initialement, l’ambiance était extrêmement enthousiaste. Sauf que petit à petit, ça a tourné à l’aigre", rappelle Bernard Gazier. Les syndicats sont en désaccord total avec les pistes proposées par la commission, si bien qu’ils quittent rapidement la table des négociations. Le dialogue social "à l’allemande" en prend un coup.

"La commission Hartz arrive à un moment tout à fait particulier pour l’Allemagne, c’est un tournant : c’est la première fois que des partenaires sociaux sont exclus des négociations, Peter Hartz s’entourant d’universitaires et de managers", décrypte Arnaud Lechevalier, enseignant à l'université Paris 1 et chercheur au centre franco-allemand Marc Bloch. Résultat, "c’est un groupe d’experts qui a proposé des solutions qui ont été imposées par le pouvoir central", abonde Bertrand Gazier, avant d’ajouter que c’est paradoxalement Angela Merkel qui s’attelle, depuis, "à réintégrer les syndicats dans le dialogue social". Le Peter Hartz maestro des négociations entre partenaires sociaux n’est plus.

Des réformes douloureuses. Le gouvernement souhaitait un électro-choc, la commission Hartz va le rendre possible. Cette dernière va en effet inspirer "l’Agenda 2010", à savoir toute une série de mesures pour flexibiliser le marché du travail et revoir le système de protection sociale, ainsi que l’équivalent de Pôle Emploi. L’économie allemande a depuis rebondi mais en a aussi payé le prix.

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"Avec ce système, plus on est qualifié, mieux on s’en sort. Les gens qualifiés ont vu leur situation s’améliorer mais pas les autres, qui subissent plus de précarité. L’écart entre les classes moyennes-supérieures et les autres ne cesse de se creuser", jugeait Hans Stark, directeur du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), dans un précédent entretien accordé à Europe 1.
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De plus, alors que ces réformes ont été justifiées par la lutte contre le chômage de longue durée, de nombreux économistes doutent aujourd’hui de leur efficacité. Car si la réforme du Pôle Emploi allemand a été concluante, "les statistiques sont impitoyables : la grande partie des chômeurs de longue durée n’ont pas retrouvé d’emploi", relève Bernard Gazier, rejoint par Arnaud Lechevalier, pour qui "le cœur du dispositif n’a eu aucun effet".

Un nom rentré dans le langage commun. Si Peter Hartz a longtemps été vu comme l’un des managers les plus brillants de sa génération, cette perception a donc radicalement évolué après le train de réformes qui porte son nom. Hartz est désormais synonyme d’emplois précaires et de lutte contre l’assistanat.

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Signe des temps, le rappeur allemand Eko Fresh intitula même en 2006 un de ses albums Hartz IV pour bien signifier que les temps sont durs. Mieux encore, " son nom est devenu un verbe, hartzen, qui signifie de manière péjorative ‘être allocataire de l’équivalent du RSA’", souligne Yoann Boget. Peter Hartz le reconnait lui-même dans les colonnes du Point : "Je n'ai pas participé aux différents événements marquant les dix ans de notre Commission. L'impopularité des mesures portant mon nom en Allemagne est parfois pesante".