Entre le traumatisme causé par l'affaire et les consignes de silence, les témoignages de policiers marseillais sont rares. Europe 1 a pu rencontrer l'un d'eux. Et s'il ne cautionne pas l'attitude des policiers de la Bac nord mis en examen dans un dossier de racket présumé, il dit comprendre ce qui a pu les mener à ce dérapage.
"Ils foutent rien et ils gagnent mieux leur vie que nous"
"Je ne dis pas que je l'aurais fait, mais je me mets à la place des collègues : on a tous les jours sous le nez des minots de 20 ans qui gagnent mieux leur vie que nous, en étant "chouf" [guetteur, ndlr]", explique ce policier. "Ils ne paient pas d'impôts, ils ne bossent pas, ils foutent rien et ils gagnent mieux leur vie que nous", s'emporte-t-il.
Une différence de niveau de vie qui a pu pousser certains policiers à racketter des voyous. "A force de se monter le mou dans les voitures, parce qu'on passe quand même huit heures ensemble dans les bagnoles, on peut arriver à y penser", juge ce fonctionnaire. Mais pour lui, "de là à le faire, il faut franchir un cap. Il faut garder une ligne de conduite", estime-t-il. "Il faut garder à l'idée que c'est une minorité" qui a dérapé, rappelle-t-il.
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"On a déjà eu des réflexions dans la rue
Depuis que l'affaire a éclaté, ce policier assure que les réflexions à l'encontre des fonctionnaires sur le terrain se multiplient. "Pas plus tard qu'il y a quelques heures, on a déjà eu des réflexions en passant dans la rue. 'Les ripoux', ça y est, c'est d'actualité", regrette-t-il.
Pour autant, cette affaire ne lui a pas fait passer l'envie de faire son travail correctement. Mais il regrette le manque de moyens alloués à la police. "Quand on interpelle un vendeur, dans la foulée y en a un autre", assure-t-il. "Les cités fonctionnent comme une agence d'intérim. Ils se pointent le matin en disant : 'aujourd'hui moi je peux travailler', 'toi tu seras chouf à tel endroit, tu vas gagner tant aujourd'hui'. C'est du travail temporaire", ironise-t-il.