Mercredi soir, Nicolas Sarkozy fait un déplacement surprise à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Au même moment, un journaliste reporter d’images de la rédaction de France 3 Ile-de-France enquête, en caméra cachée, sur un trafic de drogue. Sa rencontre avec le service d’ordre du président va mal tourner.
"J'étais là par hasard"
"J’étais là par hasard, sur un tout autre sujet", raconte le journaliste à Europe1.fr. "Au cours du tournage, j’ai vu qu’il y avait soudain beaucoup de policiers autour du commissariat. Puis, j’ai aperçu Brice Hortefeux [le ministre de l’Intérieur]", décrit-il.
"A ce moment là, j’ai appelé ma collègue pour qu’elle apporte la caméra et j’ai demandé à Brice Hortefeux si l’on pouvait filmer. Il a d’abord répondu "non, pas de presse", puis a accepté que je le fasse discrètement", précise le cameraman.
"J’ai ensuite vu Nicolas Sarkozy sortir du commissariat", poursuit-il.
Le journaliste est ensuite giflé
Au moment où il revient, après être allé chercher la caméra, le journaliste voit un jeune homme se faire arrêter par des policiers. Il aurait insulté le chef de l’Etat. "Le gamin a dit "suce-moi" et quand le service d’ordre de Nicolas Sarkozy l’a arrêté, j’ai essayé de filmer mais nous n’avons pas pu. L’un des hommes s’est alors approché de moi et m’a claqué directement, en disant on ne filme pas".
Ecarté de la scène, le cameraman raconte également avoir vu, par la suite, un drapeau algérien couvert de sang après l’arrestation.
Les services de l'ordre lui ont ensuite expliqué qu'il n'était pas assez identifiable en tant que journaliste. Ce qu'il réfute : "il y avait un logo France 3 sur notre caméra".
(Cliquez ici pour voir les images tournées par cette équipe de France 3.)
La préfecture du 93 "s'étonne"
Joint par Europe1.fr, le service de presse de l'Elysée n'a pas souhaité commenter l'incident et a renvoyé vers la préfecture du 93 qui a publié un communiqué dans l'après-midi.
"Le Préfet de la Seine-Saint-Denis s'étonne de ces affirmations, eut égard à leur caractère tardif", précise ce communiqué. Le préfet "rappelle (...) que les services de police qui ont procédé à cette interpellation étaient des effectifs locaux et non le service de sécurité du Président. Il précise que des vérifications sont en cours afin de déterminer la véracité des faits allégués", conclut le texte.
Le SNJ-CGT va porter plainte
De son côté, le SNJ-CGT de France Télévisions a annoncé dans un communiqué qu'il allait porter plainte pour atteinte à la liberté de la presse. "Après les patrons voyous, les policiers voyous de la garde prétorienne du président", dénonce le syndicat avant d'ajouter : "Les atteintes à la liberté de la presse, ça suffit! "
Le jeune arrêté a, quant à lui, été condamné vendredi à 35 heures de travaux d'intérêt général. Il était jugé en comparution immédiate au tribunal de grande instance de Bobigny.