Florent Goncalves ne privilégiait pas qu’Emma. Le directeur de la prison pour femmes de Versailles favorisait apparemment l’appât du "gang des Barbares" mais aussi cinq autres détenues. C’est ce qu’a constaté le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, et qu’il a révélé vendredi.
Deux détenues ont donné l’alerte
Tout a débuté à l’été 2010, lorsque le contrôleur général a reçu des courriers de deux détenues de cette maison d’arrêt. Elles dénonçaient des pratiques de favoritisme de la part du directeur de l’établissement à l’égard de certaines prisonnières. Deux contrôleurs sont allés les rencontrer, en août dernier, à la prison de Fresnes où elles avaient été transférées entre-temps. Un transfert analysé comme des représailles par Jean-Marie Delarue.
C’est à la suite de ces constations que le contrôleur général a décidé d’effectuer lui-même une visite dans l’établissement de Versailles. Elle s’est déroulée, durant cinq jours, du 22 au 25 octobre 2010. "Nous avons écouté tout le monde. Il est vite apparu que le directeur d'établissement se permettait des choses contraires à la discipline du corps dont il fait partie", a rapporté Jean-Marie Delarue.
Des faveurs comme des libertés de mouvement
Il est ainsi ressorti de cette inspection que six femmes étaient "particulièrement bien soignées", dont Emma, la jeune femme de 22 ans condamnée à neuf ans de réclusion pour avoir attiré Ilan Halimi, un jeune juif tué en 2006 après trois semaines de séquestration par le "gang des Barbares".
Avec trois autres détenues appartenant au service général, elles étaient regroupées dans deux cellules, mais elles bénéficiaient également de libertés de mouvements. Rien n’a démontré que ces faveurs ont été échangées contre de relations sexuelles, a précisé le contrôleur général.
Florent Goncalves suspendu de ses fonctions
A la suite de ses observations, Jean-Marie Delarue a alors écrit, en novembre, au directeur interrégional Ile-de-France de l'Administration pénitentiaire pour lui signaler les disfonctionnements. La Chancellerie a ensuite saisi en novembre l'inspection générale des services pénitentiaires. L'enquête interne a donné lieu à la suspension du directeur de la prison et à l'ouverture d'une enquête préliminaire du parquet de Versailles.
Jeudi, le ministère de la Justice et le parquet de Versailles ont annoncé la mise en examen du directeur de cette prison.