Gilles Patron a été mis en examen mercredi à la mi-journée et incarcéré. Le père d’accueil de Laëtitia Perrais, la jeune femme tuée en janvier à Pornic, en Loire-Atlantique, est soupçonné d'agression sexuelle et viol sur la sœur jumelle de Laëtitia, Jessica, et sur une amie de la jeune femme. Selon les informations d’Europe 1, d’autres victimes pourraient s’ajouter à la liste.
L'affaire a commencé avec le dépôt d'une plainte par deux amies de Jessica accusant Gilles Patron d'agressions sexuelles. C'est dans le cadre de cette enquête que Jessica Perrais a été entendue et se serait confiée : elles aussi a eu des rapport non-consentis avec son père d'accueil.
Gilles Patron a été déféré mercredi devant le parquet de Nantes et mis en examen pour agressions sexuelles et viols "par personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions", puis placé en détention provisoire. Gilles Patron fait en outre l'objet de mises en examen pour "agressions sexuelles" sur deux autres jeunes filles pour des faits commis entre 2007 et 2010 d'une part, et en 2011 d'autre part, a annoncé le procureur de la République adjoint de Nantes, Yves Gambert.
"Il a nié intégralement les allégations"
Gilles Patron a reconnu en garde à vue les faits concernant Jessica, mais seulement à partir des 18 ans de la jeune fille et de manière consentie. Il a évoqué une "relation fusionnelle" et une "relation amoureuse consentie", a précisé le procureur de la République adjoint de Nantes, Yves Gambert.
Gilles Patron a par ailleurs "nié intégralement les allégations" concernant les deux amies de Jessica, a précisé le procureur adjoint. A ce stade, l'enquête ne porte pas sur d'éventuels faits concernant Laetitia ou des tiers, "mais nous sommes aux prémices de l'instruction", a-t-il souligné.
"Gilles Patron a reconnu des relations intimes avec Jessica, consenties, à partir du moment où elle a eu 18 ans", a indiqué Me Rouiller, son avocat. "Jessica, pour sa part, dénonce des faits ayant eu lieu entre ses 16 ans et ses 19 ans", a-t-il ajouté. "Elle a dit 'je ne souhaite pas l'incarcération de M. Patron, je souhaite qu'il reste en liberté'", a affirmé l'avocat, évoquant "une relation consentie de part et d'autre, sans aucun acte de violence ou de contrainte physique".
Il avait été reçu à l’Elysée
A plusieurs reprises, Gilles Patron avait appelé de ses vœux à la création de "fichiers des délinquants sexuels" et la mise en place en place de "surveillances réelles, efficaces" pour ces délinquants. En compagnie de son épouse, il avait aussi été reçu à l’Elysée le 31 janvier par Nicolas Sarkozy dans le cadre de la disparition de Laëtitia.
Début février, il était venu demander à des magistrats, rassemblés devant le Palais de justice à Nantes avant une manifestation, de continuer à oeuvrer de telle sorte à éviter les cas de récidive criminelle. "Je suis venu dire aux magistrats qu'il faut continuer à se battre pour qu'il n'y ait plus de cas Laëtitia", avait-il déclaré. Il faut que "tout le monde soit ensemble pour se battre contre les criminels. Nos enfants doivent vivre et le mot 'récidive' doit être banni à tout jamais", avait poursuivi le père adoptif de Laëtitia.
Gilles Patron, lors d'une manifestation des magistrats à Nantes le 10 février :
La disparition de Laëtitia le 18 janvier, l'arrestation d'un suspect au passé judiciaire très chargé, Tony Meilhon, puis la découverte du corps dépecé de la victime avaient suscité une énorme émotion en France. Les autopsies et analyses ont montré que la jeune femme avait subi un supplice avant d'être étranglée mais ont exclu d'éventuelles violences sexuelles.