Après l’interpellation de douze suspects dans le cadre d’un vaste coup de filet anti-terroriste samedi, Alain Chouet, ancien ancien chef du "service de renseignement de sécurité" de la DGSE, livre son analyse de la situation. Il réagit notamment aux propos de Manuel Valls qui a évoqué lundi matin l’existence d’un "terrorisme intérieur" en France, avec "plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d'individus capables de s'organiser " .
A-t-on, en France, des dizaines d'islamistes prêt à passer à l'action ? Non. On a une centaine de sociopathes qui sont prêts à passer à l'action, pas vraiment des islamistes. Le chiffre me semble assez proche de la réalité, bien que vérifier quelque chose de clandestin reste par définition relativement difficile. Mais, dans la mesure où on a affaire à des sociopathes, à des cas psychiatriques, on en a autant que dans n'importe quelle collectivité humaine.
Qu'entendez-vous par "sociopathe" ? Ce sont des gens qui traduisent leur mal-être, d'où qu'il vienne, en faisant quelque chose qui les oppose à la société. Comme Anders Breivik l'a fait en Norvège en puisant dans un vieux fond d'idéologie nazie ou comme les extrémistes américains le font en puisant dans le fond culturel du Ku Klux Klan et de la suprématie blanche. Ceux-là donnent du sens à leur violence en puisant dans ce qui est actuellement emblématique de l'opposition à la société française ou occidentale, c'est-à-dire l'islamisme radical.
Peut-on les rattacher au terrorisme international ? Moi, j'ai beaucoup de mal à rattacher les gens qui ont été arrêtés à une mouvance djihadiste internationale parce qu'ils n'ont aucun contact avec cela. Ils n'ont pas de stratégie et n'ont pas d'agenda politique. De plus, leur revendication n'est pas politique.
Alain Chouet est l'auteur du livre Au coeur des services spéciaux.