Il s'est rendu sans violence, en s'étendant sur le sol, bras écartés. Francis Dorffer, qui retenait depuis vendredi matin un surveillant au troisième étage de la prison centrale de Poissy, a fini par se rendre vers 12h20. Le patron du Raid, l'unité d'élite de la police, a décrit "une procédure de reddition négociée comme d’habitude, comme nous le faisons classiquement", avec un détenu qui avait "besoin d'une écoute particulière". Le preneur d'otage aurait ensuite, selon son avocate, présenté ses excuses.
L'otage, âgé de 27 ans, n'a pas été blessé par Francis Dorffer, qui était en possession d'une arme blanche. "C'est un dénouement heureux", s'est réjoui David Mahieux, responsable de FO-Pénitentiaire. "Le collègue a été libéré et c'était notre première préoccupation, surtout pour le collègue, un jeune collègue qui va être touché psychologiquement, on s'en doute avec un évènement tel que celui qui vient de se passer. Le collègue en question sera suivi psychologiquement, il est atteint. On va lui laisser le temps de s'apaiser et après on pourra mener l'enquête interne et externe par rapport à tous les différents services de cette affaire", a-t-il conclu.
Il s'agira notamment pour les enquêteurs de comprendre comment ce DPS, "détenu particulièrement surveillé", s'est procuré une arme blanche.
Il voulait se rapprocher de sa famille
Selon le syndicat, il demandait "à être transféré dans l'Est de la France pour être plus proche de sa famille" qui vit en Alsace, "mais il est incarcéré à Poissy car une affaire pénale le concernant est en cours en région parisienne".
Trois prises d'otages depuis 2006
Francis Dorffer, 27 ans, est considéré comme un détenu particulièrement sensible du fait de ses antécédents. Condamné à plusieurs reprises pour viol, violences, homicide volontaire et prise d'otage, il purge notamment une peine de 30 ans de réclusion, assortie de 20 ans de sûreté, pour avoir tué un codétenu, égorgé avec une fourchette en 2003 après un désaccord sur un programme de télévision.
Ces dernières années, il a tenté à plusieurs reprises de s'évader d'autres établissements pénitentiaires. En avril 2010, il avait retenu un psychiatre en otage durant plus de cinq heures à la prison de la Santé, à Paris, pour réclamer son transfèrement dans l'est de la France, où se trouvait sa famille. Il s'était rendu sans violence.
Il avait aussi retenu un surveillant durant cinq heures en novembre 2009 à Clairvaux dans l'Aube, également pour réclamer son transfèrement. En novembre 2006, il avait également pris en otage un psychiatre à Nancy, pour dénoncer ses conditions de détention.
"L'enfant de la maison d'arrêt"
Pour son avocat, Me Thomas Hellenbrand, Francis Dorffer a réagi de la sorte par le passé lorsque ses droits lui semblaient "bafoués". "A chaque fois qu’il y a eu un évènement, c’est quand Dorffer, à tort ou à raison, a cru que le peu de droits qu’il a en tant que détenu, c'est-à-dire le droit de voir sa famille, le droit de voir sa femme, son enfant, ont été bafoués", a expliqué Me Hellenbrand sur Europe 1. "Quand il avait cette sensation de voir ce qui lui reste négligé ou non respecté, il y avait cet évènement (les prises d'otage NDLR)", a-t-il poursuivi.
"C'est un enfant de la maison d'arrêt" :
Francis Dorffer "est presque né [en prison]. Depuis l’âge de 16 ans, il n’est jamais sorti. Il n’a jamais vu autre chose que les quatre murs et les quartiers d’isolement", a souligné Me Hellenbrand .