Elles exerçaient dans un deux-pièces de 25 mètres carrés en plein centre de Marseille. Deux femmes ont été placées en garde à vue jeudi, dans le cadre d’une enquête sur une crèche clandestine. Selon un proche du dossier, cette structure fonctionnait certainement depuis plusieurs années. L’ancienne infirmière de 59 ans, gérante de cette garderie non-autorisée, et son employée n’avaient pas déclaré leur activité.
Elles recevaient jusqu'à 25 enfants dans ce local pour un prix dérisoire : 17 euros par tête et par jour.
8 lits, 7 transats dans 25 m²
L’établissement illégal a été immédiatement fermé, après dénonciation anonyme. Les enfants étaient gardés dans des locaux inadaptés au plafond moisi et où huit lits pour bébés étaient installés les uns contre les autres aux côtés de sept transats. Les deux femmes, qui ont depuis été remises en liberté dans l'attente des résultats des investigations, ne respectaient pas non plus les règles élémentaires de sécurité et d’hygiène. Elles avaient pour cuisine un minuscule frigo.
"Le local exigu était mal entretenu et les équipements très anciens et en mauvais état. Les enfants étaient couchés sur un drap à même le sol ou sur un matelas en mousse d’un centimètre d'épaisseur", déplore Jacques Collomb, le directeur de la Protection maternelle et infantile et de la santé publique.
Des parents consentants
Les parents doivent encore être entendus dans le cadre de l'enquête. Mais la Protection maternelle et infantile assure que les familles étaient "tout à fait consentantes". Aucune ne s'est plainte. Au contraire, quand la police a débarqué, des parents ont protesté. La raison ? Pour Michel Amiel, vice-président du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, les parents "se retrouvent dans des situations extrêmement délicates pour faire garder leurs enfants. Ils sont prêts à tout", face à la pénurie de places.
Un argument repris à son compte par l'avocat de la responsable de cette crèche clandestine, qui estime qu'"on caricature la réalité". "Les parents se sont regroupés et une forme de coopérative s'est mise en place", assure Me Christophe Pinel. "On ne peut pas dire que toutes les règles aient été rigoureusement appliquées, mais tout s'est fait avec l'agrément des parents, sans aucune maltraitance à l'égard des enfants et aucune économie ne s'est créée là-dessus", ajoute-t-il. Un rapport du médecin de la Protection maternelle et infantile devrait permettre de faire toute la lumière sur cette affaire.