Dans la famille Merah, Abdelghani est à part. L'aîné de la fratrie est en effet le seul à dénoncer les trois tueries de son frère au cours desquelles sept personnes ont été tuées, trois militaires, trois élèves et un père de famille dans une école juive toulousaine.
"Il n'y avait aucune éducation"
"Je suis en rupture totale avec cette famille. On se voyait, on se côtoyait, mais je rejetais en bloc ce qu'ils représentaient. Et eux n'acceptaient pas ma prise de position. J'ai quitté Toulouse et ma famille aujourd'hui, ce sont mon fils et ma compagne. Ils ont essayé d'embrigader mon fils", confie-t-il au micro d'Europe 1.
Dans son livre Mon frère, ce terroriste, qui sort mercredi, Abdelghani Merah décrit en effet un contexte familial propice aux dérives salafistes. "Dans la famille, on réglait ses problèmes par la violence, il n'y avait aucune éducation hormis celle de la haine, du racisme et de l'antisémitisme", confie-t-il au micro d'Europe 1.
Le parcours de Mohamed Merah, séjour au Pakistan et intégration du réseau salafiste toulousain, constituait donc la fierté de la famille. "Une partie de ma famille reste très fière de Mohamed. Dès le départ, ils ont été fiers des propos qu'il tenait et de la haine qu'il entretenait envers les Juifs, les mécréants, comme il disait", confie Abdelghani Merah.
Des menaces de sa mère
Ce dernier se montre très virulent envers sa sœur et son frère Kader, qu'il accuse d'avoir influencé Mohamed Merah. "Kader a été le premier à franchir le pas dans le salafisme, et après, il a été suivi par Souad. Mohamed a été en premier lieu approché en prison et par la suite Kader et Souad n'ont fait que finir le travail des salafistes", raconte-t-il.
"Une partie de ma famille reste très fière de Mohamed" :
Abdelghani Merah réfute donc la théorie du "loup solitaire" défendue par le patron de la DCRI à l'époque, Bernard Squarcini. "Pour ses voyages, il a été aidé par ma sœur Souad et Kader l'a accueilli deux fois en Egypte. La théorie du loup solitaire je ne l'ai pas cru, parce qu'ils côtoyaient des personnes louches, des barbus, qui faisaient passer un message dangereux", rapporte-t-il.
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Le frère ainé évoque également le gourou de Mohamed, Olivier Corel, "qui avait une énorme influence sur lui". "Dès qu'il se posait une question sur l'islam, ou quand je lui donnais une contradiction sur les propos qu'il tenait, plusieurs fois il téléphonait devant moi à son gourou", indique-t-il.
Pour ses révélations sur sa famille Abdelghani Merah a reçu plusieurs menaces. "Souad a essayé de me joindre, ma mère aussi. J'ai reçu des menaces de la part de ma mère. Si je faisais le moindre témoignage, le moindre reportage, elle était prête à se lacérer, se poignarder, se couper la tête devant mon fils", confie-t-il.
"Ne pas commenter" la procédure contre sa sœur
La dernière en date à avoir manifesté cette fierté est Souad Merah, la sœur ainée de Mohamed. Filmée en caméra cachée, dans un reportage diffusé dimanche sur M6, elle soutient les agissements du tueur à scooter. Le parquet de Paris a d'ailleurs ouvert lundi une enquête préliminaire pour "apologie du terrorisme" après ces propos.
Abdelghani Merah préfère toutefois ne pas commenter cette procédure judiciaire engagée contre sa sœur. "Je ne veux pas m'immiscer dans l'enquête de la police et de la justice. Je leur laisse faire leur travail", commente-t-il.