Il va être jugé pour "dénonciation mensongère d'un crime". Mohammed Abdallah, ancien principal-adjoint du collège Pablo-Neruda à Pierrefitte, en Seine-Saint-Denis, est soupçonné d'avoir mis en scène sa propre agression en novembre 2007 et devra répondre de ces accusations devant le tribunal de Bobigny à partir de jeudi.
L’homme avait été retrouvé gisant dans son sang, près de son logement de fonction, le soir du 10 novembre de 2007. Dans son témoignage aux enquêteurs, il avait indiqué avoir "entendu des bruits et serait descendu" en vérifier l'origine, avant de se retrouver face à un ou plusieurs individus "surpris par son arrivée". Ce qui aurait entraîné son agression.
Les enquêteurs sceptiques
Mais les dires de la victime n’ont jamais pu être recoupés par les enquêteurs. Pire, ces derniers pensent que le principal-adjoint s'est lui-même infligé sa blessure. A l'appui de leur théorie, la conclusion du médecin légiste. Celui-ci est convaincu que la blessure superficielle n'a pas pu être portée par un agresseur se trouvant de face.
Le principal-adjoint du collège de Pierrefitte, qui vivait mal son affectation en Seine-Saint-Denis, souhaitait rejoindre sa famille à La Réunion, selon les enquêteurs. Cela pourrait être la raison de son geste. Une motivation rejetée par Mohammed Abdallah qui explique avoir choisi lui-même d'aller dans un établissement difficile de Seine-Saint-Denis.
"Je n'ai fait que mon métier"
Le principal adjoint maintient également sa version des faits. "Est-ce qu'il y a une méthode pour être agressé ?", s'interroge-t-il au micro d'Europe 1. "Ce soir-là, je n'ai fait que mon métier, c'est-à-dire assurer la sécurité des personnes et des biens, au péril de ma vie".
Peut-on simuler un coma pendant 48 heures ? demande Mohammed Abdallah :
Selon son avocat, Mohammed Abdallah est "très affecté par ces accusations". L'avocat dénonce une instruction à charge et va plaider la relaxe au procès.
Cette "agression" avait entraîné une grande émotion en 2007. Le recteur d'académie de l'époque Jean-Michel Blanquer avait réagi en indiquant que l'Education nationale "ne se laissera pas intimidée par des voyous". Le président de la République Nicolas Sarkozy avait convoqué une réunion d'urgence sur la sécurité du collège Pablo-Neruda.