Interrogé vendredi dans l'enquête sur les accusations de pédophilie portées par Luc Ferry contre un ancien ministre, l'ex-patron des Renseignements Généraux, Yves Bertrand, a certifié qu'il ne donnerait aucun nom de suspect présumé aux policiers. Pourtant, il s'est montré bavard avant et après son audition.
A la question de savoir s’il avait fait remonter la rumeur citée par Luc Ferry aux autorités de l’Etat, Yves Bertrand s'est dans un premier temps montré hésitant au micro d'Europe 1 et de l'AFP TV. "Je ne m’en souviens pas parce que je n’ai plus mes brouillons. Ils ont été saisis dans le cadre de l’affaire Clearstream. Mais enfin, j’ai peut-être rendu compte…", a-t-il cru se souvenir avant son audition. A la question de savoir à quelle époque l'évocation de cette rumeur se serait produite, Yves Bertrand a répondu : "c'était Daniel Vaillant le ministre de l'Intérieur et Lionel Jospin le Premier ministre. Si j'en ai rendu compte, ça a été à deux amis politiques de Jack Lang".
A la sortie de son audition, quelques heures plus tard, Yves Bertrand a cette fois affirmé au micro de l'AFP qu'il se souvenait avoir informé ses ministres de tutelle : "Ecoutez, moi j'étais aux Renseignements généraux, je n'étais pas à la police judiciaire. Donc une rumeur, j'en fait état aux autorités de tutelle, c'était Vaillant et Jospin, c'était 2001, sous la cohabitation".
"Je ne connais pas Luc Ferry"
Cette audition d'Yves Bertrand par les enquêteurs fait suite aux accusations de Luc Ferry qui, en direct sur Canal Plus, avait expliqué le 30 mai qu'un "ancien ministre" s'était "fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons", assurant tenir cela des "plus hautes autorités de l'Etat", notamment un Premier ministre.
Entendu comme témoin, l'ancien ministre de l'Education du gouvernement Raffarin avait évoqué le nom d'Yves Bertrand. "Je ne connais pas Luc Ferry, je ne l'ai jamais vu. Il me cite, je ne sais pas pourquoi", a répliqué Yves Bertrand vendredi.
De son côté, Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, a affirmé vendredi n'avoir "jamais été tenu informé" par Yves Bertrand "des faits" de pédophilie "que celui-ci a rapportés". Lionel Jospin a fait savoir quant à lui par une de ses proches qu'il était "solidaire" de cette réaction.