Akhenaton est un homme en colère. Des violences répétées à Marseille, sa ville d'origine, aux caricatures de Mahomet qui enflamment le monde musulman, en passant par la place de l'islam dans l'Hexagone, le rappeur, le leader emblématique d'IAM qui s'est converti à l'islam, dresse un portrait très sombre de la société française au micro d'Europe 1 vendredi.
"Notre pays est devenu aigri" :
"Un désert culturel" à Marseille
Alors que Christiane Taubira et Manuel Valls sont attendus à Marseille pour introniser un nouveau préfet à la suite des multiples règlements de compte dans la ville, selon le rappeur d'IAM, les réponses apportées par le gouvernement - un nouveau préfet, des nouvelles zones de sécurité - ne résolvent pas vraiment le fond du problème. "Si vous envoyez des gens avec des treillis, vous aurez des réponses à la dimension du treillis. Quand il y a un état de fait bête, des questions bêtes, on apporte des réponses bêtes, on a une escalade dans la bêtise. On apporte que des solutions répressives, notre pays est devenu un pays aigri", déplore le rappeur.
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Selon lui, les racines de la délinquance à Marseille sont à chercher du côté d'"un gouffre culturel" qui se creuse depuis de nombreuses années. "L'effervescence culturelle des années 90 s'est vue supplanter par la culture télévisuelle et notamment par la téléréalité, qui a insufflé beaucoup de mauvaises valeurs. On a le résultat direct de la promotion de ce mode de vie-là". Akhenaton reconnaît toutefois que la téléréalité n'est pas à l'origine de tout les maux. "La téléréalité n'est pas un problème quand il y a des choses à côté", précise-t-il.
"Pas le droit à la liberté d'insulter ou de blesser"
Le rappeur a également déploré la publication des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo. "Les gens que visent Charlie Hebdo sont minoritaires dans le monde musulmans et pour répondre à ces gens-là, on fait des caricatures, on répond en blessant un milliard de personnes. C'est disproportionné et pas très intelligent.
Selon le rappeur, les caricatures de Charlie Hebdo s'apparentent à un coup de communication. "Ce n'est pas la première fois que Charlie Hebdo fait ce genre de caricatures, ça fait un peu promo de la part de Charlie Hebdo", estime-t-il. "Je ne leur refuse pas le droit à la liberté de caricaturer, mais pas le droit à la liberté d'insulter ou de blesser. Tout cela vient de la méconnaissance de l'islam. Les gens ont un problème avec l'islam en France depuis le 11 septembre", assure-t-il.
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Pour autant, il ne compte pas aller manifester samedi à Marseille. "Je ne vois pas l'utilité de manifester contre ce film, on peut se manifester en prenant la parole, en écrivant, en répondant, en argumentant. Pourquoi pointer du doigt un état, d'autres communautés. Si chaque fois que quelqu'un insultait l'islam on devait manifester, ce serait des manifestations quotidiennes".