L'INFO. Voilà un projet palpitant dans tous les sens du terme. S'il aboutissait, il constituerait même "une réelle innovation pour la communauté des spécialistes de l'insuffisance cardiaque", pour reprendre les mots d'un communiqué commun publié mardi par les responsables de quatre centres de chirurgie cardiaque de renom. Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Saint-Pierre, à Bruxelles, le Silesian Center for Heart Diseases, en Pologne, le Ljubljana University Medical Centre, en Slovénie et le Prince Sultan Cardiac Center, en Arabie Saoudite, viennent en effet d'autoriser la société française Carmat à tester son cœur totalement artificiel sur des êtres humains.
C'est quoi ce cœur ? Il s'agit d'un cœur artificiel totalement implantable, qui doit permettre au patient d'être totalement autonome. La prothèse fonctionne comme un cœur naturel, dont elle possède d'ailleurs l'aspect. Selon ses promoteurs, elle permet d'éviter des effets secondaires sévères, comme la formation de caillots sanguins. L'ambition de la société française est également de commercialiser, d'ici deux ans, un produit qui permette de palier le manque notoire de donneurs de greffons, et de répondre ainsi aux attentes de dizaines de milliers de personnes souffrant d'insuffisance cardiaque avancée. Plus de 20 millions de patients sont concernés par cette maladie en Europe et aux Etats-Unis à ce jour.
Pourquoi des tests dans ces pays ? Ces centres disposent d'un "fort potentiel de recrutement de patients" et d'une "grande expérience dans les essais cliniques préalables à la commercialisation de dispositifs médicaux innovants", détaille Carmat dans un communiqué. La société française espère également obtenir l'approbation des autorités françaises, sans lequel le feu vert de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sans lequel un essai clinique sur l'homme n'est pas possible. "L'ANSM souhaite avoir davantage de données résultant de l’expérimentation vétérinaire, ce qui n’est pas inhabituel vu le caractère très innovant de notre dispositif. Alors que dans d’autres pays, l’accord peut être donné hôpital par hôpital", détaille Marcello Conviti, directeur général de Carma, cité par Les Échos.
D'énormes enjeux économiques. Outre les enjeux sanitaires, la réussite du projet redonnerait de l'air à une société en perte de vitesse. Carmat a enregistré en 2012 une perte de 17,2 millions d'euros. Les pouvoirs publics se sont d'ailleurs emparés du dossier. Carmat bénéficie, en effet, pour son projet, en accord avec la Commission européenne, de l'aide la plus importante accordée par la banque publique Oséo à une PME, avec un montant de 33 millions d'euros. Après l'annonce des décisions des quatre centres internationaux, le titre de Carmat en Bourse a bondi de 26% mardi, à 130,97 euros à 13h20.