Le psychodrame de la succession à la tête de la CGT continue. Un temps opposée à la candidature de Nadine Prigent, la commission exécutive du syndicat l'avait finalement acceptée mercredi soir. Mais jeudi matin, c'est le "parlement" du syndicat qui a voté contre Nadine Prigent, pourtant défendue par l'actuel secrétaire général Bernard Thibault. Bilan : tout est à refaire.
Le Comité confédéral national (CCN) ou "parlement" de la CGT a rejeté la candidature de Nadine Prigent, qui lui avait été proposée par la Commission exécutive (direction) du syndicat pour succéder à Bernard Thibault. 304 voix ont voté contre, 255 pour et 73 se sont abstenus. Quelque 130 personnes - les premiers dirigeants des Fédérations (une trentaine) et des Unions départementales (une centaine) - ont le droit de vote et leurs mandats sont fonction de l'importance de leurs fédérations ou unions.
Un nouveau calendrier
Après ce rejet, il a alors été décidé "d'engager un processus démocratique, de forme inédite, pour la proposition du ou de la futur(e) Secrétaire général(e)", selon le CCN. Aucune date limite n'a été fixée à la commission exécutive, mais le Comité a demandé que "les débats se prolongent" en vue du prochain Congrès qui a lieu en mars 2013, terme du mandat de Bernard Thibault.
Pour se faire, la Commission exécutive "est mandatée pour établir une méthode et un calendrier".
Thibault avait pourtant convaincu la direction
Bernard Thibault a hâte que cette page se tourne. Vendredi dernier, l'actuel secrétaire général avait été désavoué par la Commission exécutive qui avait refusé de soutenir sa candidate, Nadine Prigent. Il avait présenté cette membre du bureau confédéral pour lui succéder à son départ en mars 2013. Sa proposition avait été rejetée par 21 voix, contre 20 et 5 abstentions. Une claque pour le leader syndical qui a toutefois affirmé assumer sa part de responsabilité dans la cacophonie ambiante.
Pourtant, au terme de longues discussions, la Commission exécutive avait changé d'avis mercredi soir et annoncé jeudi matin qu'elle allait proposer au "parlement" la candidature de Nadine Prigent. Malheureusement pour Bernard Thibault, il n'a pas été suivi par cette assemblée.
Une succession mal préparée
En coulisses, certains estiment que Bernard Thibault n'a pas assez préparé sa succession. Aucun homme ou femme providentiel ne s’impose naturellement. Ce vide au sommet discrédite la CGT au moment où se tiennent les premières concertations avec le nouveau gouvernement, déplorent certains membres.
Sur le terrain, la CGT se faisait également moins présente dans les regroupements inter-syndicaux. La base espère que cet épisode laissera le moins de traces visibles en interne et que l’image du syndicat n’en ressortira pas trop écornée.