"Un moment historique pour notre pays, pour notre République". La phrase est signée Hélène Mandroux, la maire socialiste de Montpellier, qui a célébré mercredi le premier mariage homosexuel en France. Onze jours après la promulgation de la loi Taubira accordant le mariage aux couples de même sexe, Vincent Autin et Bruno Boileau, en couple depuis sept ans, se sont donc dits "oui". Europe1.fr revient sur cette journée historique.
>>> A lire : RETOUR SUR :Le "oui" historique de Vincent et Bruno
Une place déserte. Mercredi matin, 10 heures. Le parvis de l’hôtel de ville de Montpellier semble bien calme, presque déserté. Place George Frêche - où devait se tenir le vin d’honneur qui a finalement été annulé pour des raisons de sécurité - seuls quelques Montpelliérains venus régler des dossiers administratifs se rendent à la mairie. Mais à l’intérieur, c’est une toute autre ambiance, les derniers préparatifs s’organisent, la sécurité se met en place et les services de communication accueillent les quelques 200 journalistes dépêchés sur place.
Tension autour du placement. Le mariage est prévu dans moins de 10 heures et les reporters bataillent déjà pour obtenir les meilleures places. Il faut dire qu'elles sont chères. Car si la salle des mariages, jugée trop petite, a été laissée au profit de la salle des rencontres, une pièce bien plus grande, cet espace ne compte pour autant que 336 chaises… pour plus de 500 invités. Au premier étage de cet immense bloc noir designé par Jean Nouvel, la tension commence à se faire sentir. D'autant qu'il faut rapidement quitter les lieux pour que la mairie procède aux derniers ajustements.
>>> A lire : ZOOM :Vers un report de la PMA ?
"Un appel de l’histoire". Ce n’est que dans le courant de l’après-midi que les invités commencent à arriver. L’une des premières à se manifester est Alice Nkom, militante pour le droit des homosexuels, venue faire "une surprise" au couple de futurs mariés. Première femme du barreau camerounais, elle a fait relaxer en appel un couple condamné à 5 ans de prison : "je réponds ici à un appel de l'histoire. L'histoire d'une France qui a repris sa place dans le concert des grandes nations des droits de l'homme. Les droits de l'homme sont partis d'ici, ils retrouvent leur place aujourd'hui."
"Un sentiment de victoire et d'allégresse". S’en suit un défilé de différentes associations, toutes très émues d’assister à ce jour historique. "C'est pour nous une avancée pour l'égalité et la liberté. Nous ressentons un grand sentiment de victoire et d'allégresse. C'est la première fois de notre vie que nous ne nous sentons pas marginalisés", commente un groupe de militants à Europe1.fr. L’un des déplacements les plus remarqués reste celui des sœurs de la perpétuelle indulgence, un groupe de militants lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles.
C'est "l'allégresse" pour ces militants pro-mariage gay :
Najat Vallaud-Belkacem venue en amie. Mais si certains invités sont venus déguisés, le mariage de Bruno et Vincent s’apparentait surtout à n’importe quel mariage : des femmes en tenue, des enfants agités, des témoins et parents en larmes, etc. Avec néanmoins une invitée d'importance : Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement et ami du couple, qui a salué les parents des futurs époux avant de gagner sa place.
Les proches des deux mariés se sont mis sur leur "31" :
>>> A lire : DECRYPTAGE :Que faire si un maire refuse ?
"Ce jour vous l'avez rêvé". La maire de Montpellier est quant à elle entrée dans la salle avant 18 heures, pour accueillir les futurs mariés. Ces derniers sont arrivés main dans la main, au son de Love de Nat King Cole. "Ce jour vous l'avez rêvé, et ce jour devient une réalité. Vincent, Bruno, nous allons, vous allez vivre un moment historique. Un moment historique pour notre pays, pour notre République", leur a dit en préambule la maire PS Hélène Mandroux.
"Nos premières pensées vont à tous les militants". Aux alentours de 18 heures, la question fatidique arrive : "Vincent, consentez-vous à prendre pour époux Bruno ; Bruno, consentez-vous à prendre pour époux Vincent ?". Leur ‘oui’ respectif laisse place alors à de vifs applaudissements et des larmes de la part des témoins et parents du couple. Successivement Bruno et Vincent prennent la parole pour remercier leur proche et rendre hommages aux militants qui se sont battus pour le mariage pour tous. "Nos premières pensées vont à tous les militants, à toutes les militantes, les associations, qui se sont battus tous ensemble avec nous. Le vrai symbole, c'est cette solidarité. Le symbole, c'est l'amour, il faut s'aimer dans notre société, car elle est suffisamment difficile. Aimez-vous, aimez-nous, aimons-nous", a déclaré Vincent.
Une fin de journée très privée. Ce dernier a également eu un mot pour son compagnon : "Je n'ai qu'une peur dans ce mariage c'est que nos vies ne soient pas assez longues. Je t'aime". Les dernières paroles ont été attribuées aux militants regroupés sur le parvis de l’hôtel de ville. Le couple est en effet sorti sur le balcon pour les remercier. Pour la suite de la cérémonie, le couple a préféré tenir secret le lieu de la soirée où se retrouveront leurs proches.
A 22 heures, dans les rues de Montpellier, la page du premier mariage gay est déjà tournée. Comme s'il s'agissait d'une célébration comme les autres.