Frédéric Durand-Baïssas a vécu le cauchemar de tout internaute ayant une importante vie sociale sur la toile. Le 27 février dernier, son compte Facebook a été désactivé sans qu’il ait été prévenu. La raison d’une telle censure : avoir affiché sur son compte une représentation du tableau de Gustave Courbet, L’Origine du monde.
L’annonce de cette fermeture forcée d’un compte Facebook a alors créé le buzz sur la toile : réactions indignées, comité de soutien, certains affichant même le tableau par solidarité. Une fois la polémique retombée, Frédéric Durand-Baïssas a décidé de porte plainte contre Facebook pour obtenir réparation.
Partager la culture avec ses proches
"J’avais vu sur Arte un documentaire intéressant sur le tableau de Gustave Courbet", raconte ce passionné d’art contemporain qui avait l’habitude de partager sur le réseau ses découvertes. "Ayant trouvé une partie de la vidéo sur Dailymotion, j’ai publié le lien sur ma page Facebook, ce qui a généré automatiquement un médaillon (une vignette d’illustration) de la vidéo", raconte-t-il.
Sauf que cette image représente le sexe d’une femme, or Facebook interdit sur son réseau tout contenu à caractère pornographique, même s'il s'agit d'innocentes poupées. La sanction ne se fait pas attendre : moins d’une semaine plus tard, il n’a plus de compte Facebook.
Si cette œuvre, représentant un sexe féminin, a provoqué une vive polémique en 1866, Frédéric Durand-Baïssas ne comprend pas que Facebook s’offusque d’une telle peinture un siècle et demi plus tard. Il a donc décidé de poursuivre l’entreprise américaine pour récupérer son compte et demander réparation.
"Cela ne mérite pas de censure"
"Je n’ai rien reçu, ils ont désactivé mon compte sans me prévenir", regrette-t-il, avant de se montrer plus offensif : "Cela ne mérite pas de censure, c’est une part de la culture française et tout le monde peut voir ce tableau au musée d’Orsay, qui est ouvert à tout le monde. Je n’apprécie pas du tout ce manque de liberté".
"Une représentation artistique de la nudité n’est pas la nudité, n’est pas de la pornographie, c’est vraiment une traduction magnifié, sublimé par le talent d’un grand artiste. Ce n’est pas la même chose", renchérit son avocat, Me Stéphane Cottineau.
Facebook poursuivi, une première en France
L’avocat nantais a donc envoyé mardi à Facebook France une mise en demeure de réactiver son compte Facebook "sous quinzaine" et "de l'indemniser de manière conséquente". Une première judiciaire pour cette entreprise, selon Stéphane Cottineau.
"Il a subi un préjudice moral", poursuit son avocat. "D’abord parce que c’est une censure aveugle et méprisante qui l’a beaucoup choqué. Et car il y a, quelque part, l’idée d’être associé à une personne qui serait capable de mettre des contenus pornographique sur son mur Facebook, alors qu’en réalité il s’agit de culture et qu’il avait à cœur de transmettre cette culture", ajoute-t-il. En attendant, Frédéric Durand-Baïssas a créé un nouveau compte mais il s’abstient d’y parler de culture.