Ils sont de plus en plus nombreux. Près d'un tiers des Français, 29% environ, ont dû renoncer à se faire soigner, faute d'argent ces derniers mois contre 11% il y a deux ans, selon un sondage CSA pour Europ Assistance publié vendredi.
Les sacrifices concernent "les soins dentaires" et "les lunettes" pour 22% des personnes interrogées. Mais pas seulement. A côté de ces secteurs connus pour être onéreux, se nichent aussi des soins plus "courants" pour 12% des sondés, "l'achat de médicaments" (6%), des "soins lourds comme les opérations, les examens ou traitements coûteux" (5%).
"Il y a malheureusement toute une partie de la population, je pense notamment aux personnes qui bénéficient d'un minimum vieillesse, de l'allocation adulte handicapé, dont les revenus sont de quelques euros au-dessus du minima et de ce fait, ne peuvent pas bénéficier de cette couverture médicale universelle complémentaire", analyse sur Europe 1 le docteur Olivier Bernard, de l'association Médecins du monde.
"Ils ne peuvent se payer des soins coûteux que sont les soins dentaires et les lunettes", conclut-il en précisant que Valenciennes, Pau, Besançon, Montpellier et Nancy sont les villes les plus concernées dans l'Hexagone.
Un système à deux vitesses
Un constat d'autant plus inquiétant que l'écart se creuse aussi avec nos voisins européens avec les États-Unis, pourtant "réputés" pour leur système de santé inéquitable. Ils sont 25% aux Etats-Unis, 19% en Italie, 15% en Allemagne, 10% en Autriche, 6% en Grande-Bretagne et 5% en Suède. Entre 2009 et 2011, la proportion a augmenté partout, sauf en Grande-Bretagne, ainsi qu'en Suède, en Allemagne et Autriche, où les chiffres sont relativement stables.
Le système de santé français est-il en train de devenir un système à deux vitesses ? Pour 51% des Français, il ne garantit plus "l'égalité" entre les citoyens. Un jugement également partagé par nos voisins mais souvent avec beaucoup plus de force. 76% des Polonais répondent "non", 67% des Allemands, 61% des Tchèques et des Américains, 57% des Italiens, 50% des Autrichiens, 40% des Britanniques. Seuls les Espagnols semblent plus optimistes avec 21 % de personnes jugeant le système de santé inégalitaire.
Pas d'effet Mediator sur la confiance
Pour autant, les Français ne remettent pas en cause complètement l'organisation du système de santé si l'on en juge par la note qui lui accordent : 5 sur 10. Ils restent néanmoins plus sévères que les Autrichiens avec une note de 6,2, suivis des Britanniques 5,6 et des Espagnols 5,4.
Enfin, les sondés ont également été interrogés sur leur confiance dans les "contrôles mis en place par les autorités sanitaires pour limiter les risques liés à la prise de médicaments". Surprise, il ne semble pas y avoir d'effet Mediator. 58% des Français gardent confiance, ce qui les place dans la moyenne des pays sondés.
Sondage réalisé en mai et juin par téléphone auprès de 5.500 individus de 18 ans et plus dans dix pays, représentatifs de la population (méthode des quotas).