Sandra avait eu un désaccord avec son supérieur au sujet d'un client. Cette employée de Free a chèrement payé cette petite scène de bureau, puisqu'elle raconte avoir été licenciée quelques jours plus tard. Devant ses collègues. "Je suis repartie à mon poste de travail suivie de mon responsable dans le dos, qui m'a dit qu'il fallait à tout prix que je lui rende publiquement tous mes effets : mon badge, mon casque... Et il m'a reconduit jusqu'à la porte, devant tout le monde", a-t-elle confié à Europe 1, choquée.
Et d'ajouter : "On a honte, on a quand même de la colère et on a mal. Mais on n'y peut rien et il y a quand même le gardien qui vous presse de faire très vite". Or, ce licenciement en public ne serait pas un cas isolé chez Free. D'anciens salariés confient même en avoir vu parfois plusieurs par jour.
Un turn-over important
Bernard Alain, responsable telecoms du syndicat Force Ouvrière, confirme : "On l'a déjà entendu sur d'autres sites Free. Le dialogue social dans cette entreprise est à l'image de sa démarche commerciale, c'est-à-dire très originale", a-t-il ironisé.
Certains ont même décidé de quitter l'entreprise pour éviter "l'humiliation publique", a témoigné Aurélia, 30 ans. "Je voyais des filles qui pleuraient dans les toilettes. Il y en a d'autres qui pleuraient parce qu'elles avaient des amis qui avaient été renvoyés. On voit les collègues qui se font renvoyer pour un oui ou pour un non. Ça se fait en général devant tout le monde. C'est pour montrer l'exemple. Il y en a plusieurs par jour. C'est un défilé. Quand on voit ça, on attend notre tour", a-t-elle déploré sur Europe 1.
Les syndicats dénoncent également un turn-over très important dans l'entreprise de Xavier Niel, de l'ordre de trois fois supérieur à celui de ses concurrents. Une estimation démentie par Free, qui préfère rappeler que 900 emplois ont été créés en neuf mois, sans toutefois contester la méthode de licenciement en public parfois utilisée.