Le procès de Jacques Chirac est l’un des grands rendez-vous judiciaires de l’année, et restera comme un évènement inédit dans les annales de la 5è République. Pour la première fois, la justice française demandera des comptes à un ancien président, jusque-là épargné par son immunité présidentielle. Son procès en correctionnelle pour l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris débutera le 7 mars. Europe 1 vous révèle la façon dont il s’y prépare.
Quel est son emploi du temps?
Jacques Chirac se prépare bel et bien à affronter la justice dans ce procès, qui concerne le temps où il était maire de Paris et patron du RPR. Il a déjà participé à une séance de pilotage en décembre dernier, et commencera des séances de training avec ses avocats dès ce mois de janvier 2011.
Est-il serein?
D’après des informations obtenues par Europe 1 auprès de son entourage, il n'y consacre pas tout son temps, et n’est pas obsédé par le sujet.
Mais il s’avère très difficile d’obtenir un témoignage de l‘entourage du président sur l’issue du procès. Seul Jacques Toubon a bien voulu s’exprimer au micro d’Europe 1 : "ce qui me frappe, c’est qu’il n’en parle pas spontanément. Je le trouve très serein, il a toujours dit 'j’irai répondre aux questions des juges comme n’importe qui'. C’est ce qu’il fait et ce qu’il continuera à faire", affirme-t-il.
"Ce qu’il a expliqué depuis toujours, c’est que les emplois dont il s’agit, qui représentent une vingtaine de cas, sont des emplois qui à ses yeux étaient utiles et légitimes. Donc de son point de vue, il n’a rien à se reprocher", ajoute-t-il, confiant, précisant que "les règles n’existaient pas" à l’époque sur "de telles affaires".
Que risque-t-il?
S’il est vrai qu’à l’époque, la loi n’existait pas en la matière, cela ne signifie pas que le dossier soit vide. Les emplois qui sont reprochés à Jacques Chirac concernent un certain nombre de personnalités et de chargés de mission qui étaient payés par la Mairie de Paris, soit pour travailler au RPR, soit pour occuper des postes utiles au pouvoir de Jacques Chirac.
Or, la loi sur le financement des partis n'existait pas, mais les lois sur l'abus de confiance ou le détournement de fond public existaient déjà et elles ont d'ailleurs permis de condamner lourdement Alain Juppé pour les mêmes faits que ceux reprochés aujourd'hui à Jacques Chirac.
Cependant, le procès se présente plutôt bien pour l'ancien patron du RPR puisqu'il aura en face de lui une accusation silencieuse, le parquet a requis un non lieu. Autre point en sa faveur : il n'y aura pas non plus de partie civile puisque la Mairie de Paris de Bertrand Delanoë a passé un accord avec l'UMP et Jacques Chirac pour être remboursée du préjudice calculé à 2,2 millions d'euros.
Sera-t-il présent au procès ?
L’un des principaux points d’interrogation de ce procès est la santé de Jacques Chirac, la rumeur le disant fatigué. Selon les différentes sources contactées par Europe 1, il serait par moment très affecté par les séquelles de l'accident vasculaire qu'il a eu en 2005, mais d’autres, au contraire, le disent tout a fait capable de s'exprimer. En tout cas, il sera à l'ouverture de son procès, mais il est probable ensuite qu'il sera dispensé d'être là tous les jours.