Copwatch-Nord-Ile-de-France, qui a désormais une nouvelle adresse Internet, a annoncé mardi "renaître de la censure", ce qui a suscité des réactions syndicales policières "indignées". "Le ministère de l'Intérieur français a voulu nous interdire. Il a échoué", estime le site Internet, qui est l'oeuvre d'un "collectif de citoyens souhaitant lutter par la transparence et l'information contre les violences policières". Sur son ancien site, Copwatch avait ainsi publié des photos de policiers et de gendarmes, parfois leurs noms, en leur attribuant des propos et en portant sur eux des appréciations.
Les fondateurs de Copwatch affirment, dans une interview accordée aux Inrockuptibles, que "remettre le site en ligne n'était qu'une question de temps (...) il n'était pas question de laisser le dernier mot à la censure. Internet est un outil que l'État essaye de maîtriser. Nous sommes justement opposés à cette emprise totalitaire de l'État sur nos vies".
Un "site anti-flics" ?
Malgré son blocage depuis octobre, le premier site de Copwatch était " toujours resté accessible via l'utilisation du réseau Tor ou d'un VPN (Virtual Private Network)", jusqu'à sa désactivation par le collectif mardi. Des sites miroirs (des copies exactes du site web) avaient aussi été créés : "on ne remerciera jamais assez les hackers pour leur lutte en faveur de la liberté et pour leur volonté de s'attaquer à la toute puissance des États".
Copwatch se défend au passage d'être un "site anti-flics". "Nous ne luttons pas contre les flics, mais contre l'institution qu'ils incarnent. Les flics ne sont que les exécutants, ceux qu'on paye pour accomplir les basses oeuvres. Et ils le font très bien", estiment-ils.
Des policiers, outrés par cette réactivation, ont immédiatement saisi l’Intérieur. Selon Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d’Alliance, le second syndicat des gardiens de la paix, les membres de Copwatch "ont peur de s’identifier", "démontrent leur lâcheté" et "ont peur d’être sanctionnés par les tribunaux de nouveau. Ce qui est inéluctable".
"Bloquer l'accès à cette nouvelle adresse"
La réponse de la place Beauvau n’a donc pas tardé. "Nous avons pris contact avec les fournisseurs d'accès dès mardi pour voir comment sur la base de la décision rendue par la justice en octobre, nous pouvions faire bloquer l'accès à cette nouvelle adresse", a répliqué mercredi le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
"Sur le fond, le ministère considère toujours que certaines des pages portent atteinte à l'honneur et à l'intégrité des forces de sécurité" et "peuvent mettre en péril la sécurité de policiers et gendarmes et de leur famille", poursuit le porte-parole.
Photos, noms et appréciations sur les policiers
L'Intérieur n'exclut pas d'engager une nouvelle action en référé. Claude Guéant avait déjà saisi en octobre 2011 la justice en référé et obtenu gain de cause, le tribunal de Paris ayant ordonné le blocage complet du site et non celui de certaines pages. Le ministre de l'Intérieur avait "salué" cette décision qui, selon lui, avait mis "fin au grave préjudice dont sont victimes les hommes et les femmes de la police nationale".