Grosse journée de mobilisation pour le personnel de la petite enfance vendredi. Les professionnels sont appelés, dans toute la France, à dénoncer une "dégradation" de la qualité de l'accueil des tout-petits et réclamer, comme l'an dernier, le retrait d'une réforme des crèches.
A Paris "entre 2.000 et 2.500 personnes" selon les organisateurs, 1.200 selon la police, ont manifesté à Paris à partir de 10h30 en direction du ministère des Solidarités. "Pas de bébés à la consigne, les bébés ne sont pas des sardines!", ont scandé les manifestants, tandis qu'une banderole disait "Non au gardiennage, oui à un accueil de qualité".
"Un membre du cabinet de Roselyne Bachelot recevra" une délégation dans la journée, a fait savoir le ministère. A Paris, sur 421 établissements, la mairie recensait 136 fermetures et 75 ouvertures partielles avec un total de 417 grévistes sur 6.882 personnels.
400.000 places manquantes
Avec cet "acte II", qui vient à la suite d'une vaste mobilisation en 2010, "nous voulons replacer la question de l'accueil de la petite enfance au coeur du débat public à l'aube d'une séquence politique" qui sera marquée par la présidentielle et les législatives en 2012, a expliqué, mercredi, Pierre Suesser, médecin, l'un des porte-parole du collectif "Pas de bébés à la consigne".
Rassemblés depuis 2009 dans ce collectif, les professionnels demandent notamment "l'amélioration des taux actuels de professionnels qualifiés" dans les crèches et "un plan ambitieux de formation de professionnels qualifiés pour créer a minima 400.000 places d'accueil manquantes".
Ne pas assouplir les règles
"On manque de personnels à la fois en quantité et en qualité", a souligné Françoise Favel, qui dirige un centre de formation. "Il faudrait former 10.000 professionnels qualifiés au lieu des 3.000 prévus" par les pouvoirs publics, a-t-elle ajouté. Selon des données officielles, la France compte 2,4 millions d'enfants de moins de trois ans dont 10% sont gardés en accueil collectif.
Le collectif demande à nouveau le retrait d'un décret entré en vigueur l'été dernier qui assouplit les règles d'accueil en crèche, en augmentant le taux maximal de personnels non qualifiés (en remplaçant par exemple des auxiliaires de puériculture ou éducateurs par des CAP "Petite enfance") et en permettant aux crèches d'accueillir plus d'enfants.
Le but du gouvernement est de créer davantage de solutions d'accueil, dont la France manque cruellement. Les professionnels s'étaient mobilisés massivement l'an dernier sans obtenir le retrait de ce texte, contre lequel le collectif a déposé un recours en Conseil d'Etat en août.
Une formation de CAP "Petite enfance" est "beaucoup plus généraliste" et ne prévoit que 12 semaines de stages quand les auxiliaires de puériculture en suivent 24, a ajouté Françoise Favel. Elle dit craindre une "déspécialisation" des professionnels chargés de la petite enfance.