Les attaques récentes contre le site de l'Elysée, le ministère de l'Economie ou encore Areva ont permis de tirer la sonnette d'alarme : la France doit mieux se protéger des attaques informatiques. Et c'est ce que confirme Jean-Marie Bockel, sénateur du Haut-Rhin et président de la Gauche moderne, dans un rapport d'information rendu public jeudi et dévoilé par Europe 1.
Listant les menaces les plus évidentes, comme les sites Internet bloqués ou les e-mails volés, Jean-Marie Bockel note qu'en dehors du ministère de la Défense et des armées, "les autres ministères, les entreprises et les opérateurs d'importance vitale restent encore insuffisamment sensibilisés".
"Tout le monde est visé. Il faut aujourd'hui une dimension de protection face à ces attaques à fin d'espionnage ou de déstabilisation de nos intérêts vitaux. Ce sont les intérêts militaires, des entreprises ou des organismes qui touchent à la vie de la nation qui concernent l'eau, l'énergie, les transports", résume-t-il sur Europe 1.
Former plus d'ingénieurs
En France, la prise de conscience des dangers n'est pas assez rapide, selon le sénateur, qui parle d'un "fait de société tout à fait majeur". Le sénateur salue la création en 2009 de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi). Mais il note qu'avec des effectifs de 280 personnes, elle "reste encore loin des services similaires du Royaume-Uni ou de l'Allemagne, qui comptent entre 500 et 700 agents".
Afin de combler le retard français, Jean-Marie Bockel préconise 10 priorités et 50 recommandations, parmi lesquelles un soutien accru aux entreprises spécialisées dans la sécurité informatique et l'encouragement de "la formation d'ingénieurs spécialisés". Pour répondre aux besoins de sécurité de notre pays, il faudrait en effet en former dix fois plus.
Des tramways hackés en Pologne
Et la menace est bien réelle, confirme Cyrille Badeau, directeur France de la société de sécurité information Sourcefire, qui estime au micro d'Europe 1 qu'il faut insister sur les menaces sur le quotidien. Il cite le cas des "réseaux qui vont piloter les systèmes de feux tricolores des villes, qui vont piloter des rames de métro ou bien des péages d'autoroute".
La menace est bien réelle selon lui : "on a de plus en plus d'exemples dans différents pays d'Europe et aux Etats-Unis, avec des centrales de traitement des eaux qui ont été hackées et ont recraché de l'eau polluée pendant plusieurs heures".
Cyrille Badeau donne aussi l'exemple du déraillement, il y a quelques années, de plusieurs tramways en Pologne, dû au piratage du système d'aiguillage. Un accident qui, rappelle le Telegraph, n'était pas le fait d'un dangereux réseau de pirates, mais d'un adolescent de 14 ans qui avait bricolé une simple télécommande.