Délinquance : Beauvau s'insurge

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avec Alain Acco et AFP , modifié à
Réagissant aux derniers chiffres, le ministère de l'Intérieur dénonce une "manipulation" du précédent gouvernement.

Le Figaro publie des chiffres "catastrophiques".Le quotidien affirme avoir pu consulter les données. Selon lui, la délinquance générale a augmenté de 8%, soit une forte hausse en octobre par rapport à la même période en 2011. Dans le détail, les violences contre les personnes ont augmenté de 9%, les atteintes aux biens de 8% et les infractions économiques et financières de 18% en octobre 2012. La criminalité organisée est, elle, en hausse de 7,4%.

Des disparités entre police et gendarmerie. En zone gendarmerie, les violences aux personnes ont augmenté de près de 25% en cinq mois, contre 2% en zone police. Une tendance valable pour pratiquement tous les domaines. Les gendarmes enregistrent même une explosion de 50% des violences sexuelles et 140% des mauvais traitements et abandons d'enfants. Le nouveau système d'enregistrement automatique des plaintes mis en place dans la gendarmerie cette année pourrait expliquer ces chiffres. Un système dont devrait être équipée la police dès l'an prochain.

Par ailleurs, la gendarmerie a abandonné la "politique du chiffre". Les militaires ont donc sans doute cessé de repousser l'enregistrement de certaines plaintes. Les experts des statistiques de la délinquance imaginent que les gendarmes ont commencé à écouler le "stock" accumulé ces derniers mois.

Le ministère de l'Intérieur dénonce une "instrumentalisation". La place Beauvau ne conteste pas ces chiffres en tant que tels mais assure que ces statistiques "ne correspondent pas à la réalité". "En fixant à l'avance aux policiers et aux gendarmes des objectifs normés de baisse de la délinquance (...) et en indexant l'évaluation personnelle des responsables, et parfois certaines de leurs primes, sur ces indicateurs, le gouvernement précédent a favorisé certaines évolutions artificielles des chiffres ne correspondant pas à la réalité", a accusé la place Beauvau.

"Si, aujourd'hui, les statistiques souffrent, c'est avant tout des manipulations causées par la politique du chiffre du gouvernement précédent", ajoute le communiqué. Selon le ministère, les "dispositifs de modernisation de l'appareil statistique ont été constamment et prudemment retardés ou repoussés, en raison des 'bombes à retardement statistiques' qu'ils comportaient, au détriment de l'intérêt des usagers".

Le Figaro est-il allé trop vite ? Selon des sources policières, les chiffres cités par le quotidien ne sont pas "officiels" car les statistiques d'octobre 2012 ne sont pas finalisées. L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), chargé de la publication officielle des chiffres de la délinquance, a prévu de rendre publics ceux d'octobre à la fin novembre "comme de coutume", selon ces sources.

Pour l'heure, il "s'interroge sur la hausse constatée en zone gendarmerie", avec + 24,9% de violences selon Le Figaro, où depuis début 2012 un nouveau logiciel enregistre automatiquement les plaintes. L'ONDRP a récemment fait valoir que des "mois atypiques", comme septembre 2012 et octobre 2011, ont pu "avoir des répercussions sur les chiffres" et évoque les "effets de la campagne électorale" durant laquelle des "données ont pu être masquées", selon une source proche de l'Observatoire.