C'est un scandale franco-américain que Le Monde révèle dans son édition datée de samedi. Le quotidien affirme qu'au début des années 80, l'industrie américaine du tabac embauchait des "blouses blanches" étrangères, notamment françaises, pour nier l'existence de liens entre le tabagisme passif et les risques de cancer.
L'origine de ces recrutements remonte à 1981, où une grande enquête épidémiologique a montré le lien entre le tabagisme passif et le cancer du poumon. Dans la foulée, une trentaine d'Etat américains ont décidé d'interdire le tabac dans les lieux publics.
S'en est suivi logiquement une baisse dans la consommation de cigarettes aux Etats-Unis. Pour riposter, les cigarettiers ont monté un réseau mondial de scientifiques destiné à démontrer l'invalidité de l'étude.
Quatre experts français enrôlés
Ainsi, au moins quatre experts français, prétendument indépendants, ont été recrutés par le géant américain du tabac, Philip Morris, pour faire de la propagande en développant l'idée que le tabagisme passif n'existe pas.
A en croire les documents épluchés par Le Monde, ces chercheurs ont participé à des conférences dans les années 1990 et ont écrit des articles complaisants tout en étant secrètement rémunérés par Philip Morris. Les blouses blanches françaises étaient rémunérés à des niveaux variant entre 2.000 et 50.000 euros versés sur des comptes bancaire basés en Suisse.
Une collaboration "intelligente et subtile"
"D'abord, ils recrutent des chercheurs qui ont des idées voisines des leurs, et après ils essaient d'influencer de façon de plus en forte ces chercheurs", explique le professeur Bertrand Dautzenberg au micro d'Europe 1. "Quand le chercheur résiste, rapidement ils arrêtent de le subventionner. Puis la collaboration se fait de façon intelligente et subtile", précise-t-il.
En France, fumer dans les lieux publics n'a été interdit qu'en 2007. Entre les années 1990 et cette date, le tabagisme passif aurait provoqué dans l'Hexagone la mort d'au moins 10.000 personnes.