Pertes de mémoire, pertes d’équilibre, raisonnement altéré, propos incohérents… Pour les personnes âgées, ces symptômes ne sont pas seulement dus au temps qui passe. Le Figaro de mercredi diffuse une étude selon laquelle plus de 70 médicaments* ont été identifiés, qui altéreraient les fonctions cognitives des séniors qui les consommeraient. Ces molécules, pour certaines prescrites très fréquemment, voire vendues sans ordonnance, ont un effet anticholinergique : elles réduisent les effets de l'acétylcholine, "un neurotransmetteur cérébral qui joue un rôle de médiateur dans le système nerveux", écrit le quotidien.
Le journal se fonde sur une étude menée par des universités anglaises et américaines pendant deux ans sur 13.000 patients âgés de plus de 65 ans. Et le résultat, publié dans le Journal of the American Geriatrics Society, est sans appel : 20% des personnes ayant consommé un médicament aux effets anticholinergique sont décédées dans les deux ans, contre 7% seulement pour les autres. Les décès ne sont pas dus à des effets néfastes sur l’organisme, mais aux plus nombreuses chutes que les molécules entraînent.
"Il existe des alternatives"
Le problème ne vient pas d'un médicament, mais plutôt de la surmédicalisation des personnes âgées. "Le danger vient de ce que certains effets secondaires qui sont minimes avec un produit se majorent lorsque vous avez plusieurs substances qui sont prises en même temps", précise à Europe 1 le docteur Olivier de Ladoucette, psychiatre et gériatre à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. "Il n’est certainement pas question de retirer ces produits qui chacun ont un intérêt certain pour les patients qui les prennent, mais encore une fois, on le dit toujours, en gériatrie il est toujours important de bien vérifier les médicaments que l’on prend et essayer dans la mesure du possible de limiter le nombre de produits consommés chaque journée."
"À chaque fois que cela est possible, il faut prescrire un autre médicament", explique au Figaro le professeur Jean-Louis Montastruc, chef du service de pharmacologie du CHU de Toulouse. "Il est clair que chez les personnes âgées, ce type de molécules doit être évité. C'est d'autant plus facile que dans la majorité des cas, il existe des alternatives."
Reste désormais à savoir si le réexamen par l’Agence du médicament de la dangerosité d’une centaine de molécules, un processus qui devrait aboutir fin 2011, permettra de redéfinir la politique de prescription à destination des personnes âgées.
*Les médicaments concernés sont antidépresseurs comme l’Elavil, le Laroxyl et Tofranil), des tranquillisants (Largactil, Terfluzine), des antitussifs (Broncalene, Broncorinol), des antihypertenseurs (Atenolol), des diurétiques (Aldalix, Furosemide), des antiashmatiques (Asmabec, Beclojet), des antiépileptiques (Tegretol) mais aussi des molécules prescrites dans le traitement du glaucome (Azarga, Combigan, Cosopt) ou pour les incontinences urinaires (Ditropan, Oxybutynine).