Alors que la colère monte face aux fermetures de classe et à la réduction des effectifs enseignants, le ministre de l'Education, Luc Chatel, a justifié ses choix, dimanche matin sur Europe 1, et critiqué l'image de "laisser pour compte" de l'Education nationale.
Le modèle Coréen ?
"Je veux tordre le coup a une idée reçue, l’Education Nationale n’a pas de problèmes de moyens", a martelé le ministre, invité du Grand Rendez-vous. "Le Parlement a voté le plus gros budget de l’Education nationale, soit 65.5 milliards d’euros", a-t-il souligné, ajoutant que "nous faisons plus avec le budget qui nous est alloué".
Mais plus de moyens ne signifie pas plus de postes. Le ministre de l'Education veut miser sur le "qualitatif". "Est-ce que cette fuite en avant de "toujours plus de moyens" a obtenu des résultats ? La réponse est non ! La France - cinquième puissance mondiale - est entre la 22e et la 26e place dans les classements éducatifs", a-t-il regretté."Je veux dire aux parents d’élèves qu’ils sont des citoyens éclairés et aussi des contribuables, et que depuis 1980, le budget moyen par élève a augmenté de 80%. Tout cela pour quoi ?", s’est interrogé Luc Chatel, "le nombre d’élèves qui accèdent au baccalauréat n’augmente plus", a-t-il ajouté.
Miser sur le "qualitatif"
"On s’aperçoit qu’il y a des pays qui investissent moins que nous dans l’éducation, comme la Corée, Singapour ou encore la Pologne et qui ont de meilleurs résultats que nous, et à contrario, il y a des pays qui mettent beaucoup plus d’argent que nous, comme les Etats-Unis, et qui ont de moins bons résultats", a-t-il conclu.
"L’enjeu aujourd’hui, c’est d’avoir des résultats sur le plan qualitatif" :
Une logique qui entraînera des suppressions de postes. "Il a 5.800 enseignants de premier degré qui ne sont pas devant les élèves, donc nous allons supprimer ces postes là", a-t-il annoncé, expliquant qu'"il y a eu un décalage entre le recrutement et les départs en retraite. Il y a eu moins de départs en retraite". Luc Chatel a tenu à souligner que le but est "d’organiser mieux l’offre scolaire. Cela veut dire, être capable de rendre un meilleur service, offrir un système éducatif plus efficace et mieux affecter et attribuer les moyens".
Suivi personnalisé pour les élèves déscolarisés
Au sujet des remplacements, "il y a une caricature. Il faut savoir que les enseignants ne sont pas plus absents que dans les autres professions", a assuré le ministre de l’éducation, précisant qu’"il y a moins de 5% de taux d’absence". "Aujourd’hui, plus de 80% des absents sont remplacés par des titulaires remplaçants. Pour atteindre un taux de 100%, nous avons créé, aux côtés de ces titulaires, ce statut de contractuel", a-t-il détaillé, expliquant que ces contractuels peuvent être de "jeunes retraités de l’Education nationale qui veulent travailler quelques heures par-ci par-là ou encore des étudiants en fin d’études. Donc les recteurs, les inspecteurs peuvent faire appel à eux ponctuellement".
Enfin, le ministre de l'Education, a annoncé la mise en place d'un nouveau dispositif, dès le mois d'avril, afin de mieux accompagner "ceux qui ont abandonné l'école". "Nous voulons nous attaquer aux racines du mal. Dès avril, nous allons leur offrir un interlocuteur direct, afin que les élèves puissent trouver une autre voie. Nous allons mobiliser l’ensemble de nos équipes pour proposer une solution à chacun", a-t-il précisé.
L'école, vecteur de "neutralité"
Le ministre de l'Education est également revenu sur l'histoire de cette maman d'élève qui s'est vue refuser une sortie scolaire avec la classe de son enfant parce qu'elle était voilée. Une décision tout à fait justifiée, selon le ministre qui a insisté sur la nécessité, pour l'école, d'être vecteur de neutralité.
"Le système éducatif doit appliquer la laïcité partout sur le territoire, au quotidien, et l’école doit être le lieu de la neutralité", a expliqué Luc Chatel. "Lorsqu’on est parent accompagnateur, on est volontaire, on s’engage et dans ce cas, on est assimilé à un travailleur occasionnel du service public. Cet accompagnateur a donc des droits mais aussi des devoirs. Et dans ces devoirs, j’ai considéré qu’il y a le principe de neutralité qui doit être respecté", a-t-il poursuivi.