L’affaire du médecin de Bayonne, soupçonné d’euthanasie active sur au moins quatre patients, a relancé, en France, la question du suicide assisté. Le débat se cristallise autour d'une loi : la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie. D'un côté : des associations, comme l' ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) présidée par Jean-Luc Romero ou encore Marie Humbert, la mère de Vincent Humbert, demandent aux pouvoirs publics d'aller plus loin. De l'autre : l'UMP juge cette proposition "inacceptable" et refuse de légaliser l'euthanasie en France.
Marie Humbert souhaite une modification de la loi Leonetti
Il est temps de revoir la loi Leonetti, a estimé, lundi sur Europe 1, Marie Humbert. "Cette loi est d'une hypocrisie totale", a-t-elle insisté avant d'argumenter : elle permet d'envoyer les malades "en soins palliatifs où ils reçoivent des doses progressives de morphine. La mort, on la donne quand même". Mais "la famille, elle, veut être libérée vite. ll faut que l'on en finisse avec cela", a-t-elle encore martelé, jugeant, encore une fois, cette loi insuffisante.
Une opinion partagée par Jean-Luc Romero, pour qui "cette affaire de Bayonne montre, une nouvelle fois, l’urgence d’une loi légalisant l’euthanasie". Dimanche, sur son blog, il a d'ailleurs rappelé qu'"aujourd’hui, même s’il y a volonté du patient, le soignant risque la Cour d’Assises, ce qui est scandaleux".
Le conseiller régional apparenté PS, ancien secrétaire national à l’UMP, a cependant convenu que la question était compliquée. "Faute de cadre juridique, des aides à mourir sont pratiquées, peut-être par compassion, mais sans la volonté du patient et cela est tout aussi inacceptable bien que le serment d’Hippocrate exige aussi du médecin de soulager les douleurs sachant que cela peut conduire à la mort... Bref, nous sommes aujourd’hui dans une impasse", a-t-il écrit, avant d'ajouter : "Une seule solution pour sortir de l’hypocrisie et des dérives : une loi légalisant l’euthanasie."
Un thème de campagne
Pour l'heure, la majorité présidentielle s'oppose à une telle éventualité. "L'euthanasie dite active constitue une pratique inacceptable en France, écrivait samedi le Dr Jean Rottner, maire de Mulhouse et secrétaire national de l'UMP en charge de la médecine d'urgence et du secours à personnes. "Notre mouvement entend rappeler son attachement à une dispensation des soins individualisée et conforme aux bonnes pratiques, respectueuse des droits et besoins des patients, et des attentes de leurs proches", a-t-il souligné.
Malgré cette fermeté de la part du parti présidentiel, le débat pourrait bien faire des vagues dans les jours à venir. Et peut-être même pendant plus longtemps.