Leur coutume ancestrale est interdite en France. Un couple d'origine guinéenne comparaît jusqu'à vendredi devant les assises de la Nièvre pour l'excision de ses quatre filles alors qu'elles étaient mineures. Placés sous contrôle judiciaire depuis 2005, les deux parents poursuivis pour "complicité de violence volontaire", encourent une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
Les accusés sont arrivés au tribunal entourés de leurs deux filles aînées, aujourd'hui majeures, et des deux plus jeunes, âgées de 11 et 13 ans. Placées temporairement, elles avaient demandé à regagner le domicile familial.
Des filles totalement "soumises"
L'expertise psychologique des deux cadettes a conclu à une soumission "totale à l'autorité familiale". Auditionnées mardi, les filles disent ne se souvenir de rien et ne jamais avoir quitté la France. Elles ont précisé être très bien dans leur peau et entretenir de bons liens avec leurs parents. L'un des jeunes filles a estimé que "le plus grave" n'était pas les excisions, mais le fait que les filles aient été placées, quelques temps, dans des maisons d'accueil séparées.
Mais pour Linda Weil-Curiel, avocate de la Commission pour l'abolition des mutilations sexuelles (Cams), partie civile dans cette affaire, les jeunes filles sont bien des victimes. "Il y a une infraction pénale qui a été commise. Les enfants sont aujourd'hui dans le déni de cette blessure, mais elles vont la réaliser malheureusement un peu plus tard, quand elles seront en âge d'avoir des relations, ce que les deux aînées ont. Mais peu importe, ce n'est pas à l'enfant de décider, c'est à la société de protéger des enfants victimes", commente l'avocate au micro d'Europe 1.
"Une dame est passée"
L'affaire avait débuté en septembre 2005. Opérée de l'appendicite à l'hôpital de Nevers, l'aînée n'avait pu cacher sa mutilation. Lors d'une première matinée d'audience essentiellement consacrée à la lecture de l'acte de mise en accusation et à la désignation des jurés, les jeunes filles ont simplement confirmé être scolarisées en CM1 et en 4e. Assistée d'un traducteur, leur mère a répété la version fournie aux enquêteurs par son mari, un ancien marabout. "Une dame est passée" à leur domicile en leur absence et y aurait pratiqué les excisions.
Selon un proche de la famille, interrogé hors audience, "cette coutume perdure parce que les filles qui ne sont pas excisées sont exclues" et ne peuvent se marier plus tard.