Les ennuis se poursuivent pour le groupe suisse Petroplus et sa filiale de Petite-Couronne, en Seine-Maritime. Selon des informations d'Europe 1, la justice vient d'ouvrir une enquête sur la faillite de la raffinerie. Le tribunal de commerce de Rouen a en effet placé mercredi en redressement judiciaire pour six mois la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, dont la direction avait déposé le bilan mardi.
Deux perquisitions réalisées
Mais la justice a des doutes sur les conditions dans lesquelles la filiale du groupe Suisse de raffinage a été amenée à déposer son bilan. La maison-mère, basée en Suisse, est en effet soupçonnée d'avoir précipité la cessation de paiement de la Petite-Couronne, en vidant ses comptes français.
Une enquête préliminaire a été ouverte par le procureur de la république de Nanterre pour "banqueroute par détournement d’actifs". Dans le cadre de cette enquête, la brigade financière a mené deux perquisitions mercredi matin, selon des informations d'Europe 1.
La première perquisition a eu lieu dans le quartier de la Défense, au siège de la filiale française de Petroplus. La seconde, s'est déroulée à Paris, dans les locaux de la Deutsche Bank, où se trouvent les comptes de la société.
Le tribunal de commerce alerté
L'arrivée de la brigade financière dans les locaux a surpris tout le monde. Les policiers ont donc expliqué agir sur ordre du procureur de Nanterre, Philippe Courroye. Ce dernier avait été alerté "d'irrégularité" par le tribunal de commerce qui avait constaté de possibles malversations et détournements d'actifs. Selon une source judiciaire, le compte bancaire de Petroplus France aurait été amputé d'une centaine de millions d'euros
Les magistrats soupçonnent en effet la maison-mère d'avoir vidé les comptes de sa filiale française précipitant le dépôt de bilan et la cessation de paiement de Petite-Couronne. Selon une source judiciaire,le compte bancaire de Petroplus France aurait été amputé d'une centaine de millions d'euros.
Les syndicats "pas surpris"
Cette initiative judiciaire n'a en rien surpris l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC de la raffinerie de Petit-Couronne. "Nous soutenons cette action", a insisté Christelle Denouette, déléguée CGT au comité d'entreprise. "Pour nous, il y a eu une organisation derrière pour vider les comptes", a-t-elle précisé. Toutefois, aucune plainte n'a été déposée, a-t-elle précisé.
Dans l'après-midi de mercredi, quelque 200 salariés de la raffinerie et d'entreprises voisines ont manifesté à Rouen contre le comportement des banques dans l'économie. Ils réclamaient notamment que l'argent soit utilisé non pour "la spéculation" mais "pour préserver l'emploi et le développement".
La direction de Petroplus dément "les allégations"
Petroplus a démenti jeudi, dans un communiqué publié en Suisse, les allégations de "faillite frauduleuse en France" et rejeté la responsabilité sur la Deutsche Bank, banque de sa société en France. Selon le raffineur, elle a retiré 122 millions d'euros et 59 millions de dollars de son compte, sans en avoir reçu l'ordre. Avec des dettes avoisinant les 1,75 milliards de dollars, Petroplus a déposé mardi un dossier d'insolvabilité.
En France, le tribunal de commerce de Rouen a placé mercredi soir la raffinerie de Petit-Couronne en redressement judiciaire pour une période de six mois. Un administrateur et un mandataire judiciaires ont été désignés pour rechercher toutes les solutions permettant une relance de l'activité avec un éventuel repreneur. Jeudi, l'agence de notation financière Moody's a abaissé à "D" la notation du groupe suisse de raffinage Petroplus, qui se retrouve désormais classé en situation de "défaut".