L'étude. En pleine saison des fraises, c'est une nouvelle qui pourrait vous couper l'appétit. L'ONG Générations Futures a passé au crible 49 barquettes (26 françaises et 23 espagnoles). Résultat : environ deux tiers d'entre elles contiennent des perturbateurs endocriniens. Des traces de pesticides interdits ont même été décelés dans quatre barquettes. Plus généralement, 91% des échantillons contiennent des pesticides mais dans des limites autorisées.
Des perturbateurs endocriniens. D'après l'étude de l'ONG, 65% des barquettes françaises contiennent des pesticides qui sont des perturbateurs endocriniens. Ces substances, qui modifient le système hormonal, peuvent nuire à la fertilité, favoriser la puberté précoce et augmenter les risques de cancers de la prostate et du sein. Les barquettes espagnoles en comptent encore plus que les françaises (78%).
Alors Générations Futures veut "alert[er] nos dirigeants sur la nécessité de prendre des mesures immédiates et fortes pour réduire l’exposition des populations aux pesticides PE [perturbateurs endocriniens] et d’adopter une stratégie nationale sur les PE ambitieuse".
Des pesticides interdits. De plus, quelques-unes des barquettes de fraises étudiées contiennent des pesticides interdits : parmi les 26 échantillons français, deux contiennent de l’endosulfan, "un insecticide organochloré interdit en Europe depuis 2005 et inscrit sur la liste des Polluants organiques persistants devant être éliminés au niveau mondial dans le cadre de la convention de Stockholm, convention mise en œuvre sous l’égide de l’ONU", souligne l'ONG. Trois autres barquettes françaises contiennent substances actives autorisées en France mais pas sur la fraise, dont de la flonicamide et de l’acétamipride.
C'est "proprement inacceptable", s'indigne Générations Futures, appelant là aussi à "une action forte du gouvernement" pour "faire rapidement cesser cette situation".
"Des éléments à vérifier". De leur côté, l'Association des organisations de producteurs nationale Fraise (AOPn Fraise), qui représente la moitié des producteurs, demande à connaître les noms des lots incriminés pour chercher comprendre ces résultats. "Cela jette le discrédit sur la profession alors qu'il y a des éléments qui demandent à être vérifiés", souligne le président Xavier Masse. "On ne peut que condamner l'usage de tels produits, mais plusieurs pistes d'explication sont possibles." Les membres de l'association se sont par ailleurs engagés à réduire de 50% l'utilisation de substances chimiques à l'horizon 2018.
Le "zéro résidu" n'existe pas. Par ailleurs, l'endosulfan "se dégrade très difficilement" et il n'est pas exclu que des résidus restés dans la terre aient contaminé des plants de fraises récents, selon Xavier Masse. Le "zéro résidu" n'existe pas encore pour les producteurs à grande échelle", a-t-il noté. "On ne sait pas faire, même si certaines techniques alternatives sont testées", comme l'utilisation de "prédateurs" naturels telles que les coccinelles pour lutter contre les pucerons.